Un groupe de laitiers d’Eure-et-Loir est venu découvrir voici quelques années l’organisation de la cuma Distribraye, dans le Loir-et-Cher. Celle-ci a fait ses preuves en effet en matière de dessilage en commun. Lors de la rencontre, un éleveur d’Eure-et-Loir fait part de son expérience en matière de méthanisation. Dans la foulée, les éleveurs duLoir-et-Cher se déplacent chez lui pour se rendre compte de sa démarche. Ainsi débute le projet de méthanisation MethaBraye, élargi à l’échelle d’un groupe d’agriculteurs qui se connaissent bien, notamment dans les cuma locales (cuma Distribraye, Carrefour, Poulinière…).
Déléguer l’astreinte
Les agriculteurs intéressés affinent leurs projets. Pas question de créer des astreintes supplémentaires pour les exploitants concernés, tel que l’approvisionnement régulier du digesteur. D’où l’intérêt d’un projet en commun. Secundo, les éleveurs veulent, par le biais de la méthanisation, répondre au durcissement de la réglementation en matière de stockage des effluents (capacité portée à 6 mois de stockage) les obligeant à des travaux coûteux dans leurs exploitations. Enfin, la valorisation des effluents est une piste pour espérer un supplément de revenu pour les éleveurs, tout en répondant à des enjeux environnementaux (atténuation des odeurs lors de l’épandage, diminution des gaz à effet de serre…).
La solution du portage
Deux contraintes s’imposent rapidement au groupe, constitué en SAS en 2012. D’abord, l’absence de possibilités locales de valorisation de la chaleur compromet le principe classique d’une unité de méthanisation avec cogénération. Ensuite, l’incorporation locale dans les réseaux du biogaz produit n’est pas envisageable. D’où l’idée de s’orienter vers une solution de portage du gaz sous forme liquide sur un site d’injection situé à 16 km, près de Vendôme. En pratique, deux sites seront donc construits :
– Le premier site, situé au centre des 17 exploitations adhérentes à Savigny sur Braye, où aura lieu la production du biogaz, l’épuration et l’obtention du biométhane, la liquéfaction, le remplissage de la navette porteuse (citerne cryogénique sur remorque routière à raison de deux trajets par semaine) et enfin le stockage du digestat.
– Le second site servira au dépotage de la navette, au stockage tampon et à l’injection dans le réseau de distribution.
Plusieurs clés de réussite
Delphine Descamps, la présidente de la SAS, cite différentes clés de réussite pour réussir cet investissement innovant où les agriculteurs sont souverains dans leurs choix. Deux apparaissent essentielles. D’abord s’entourer, compte-tenu de l’ambition et de la complexité du projet, de partenaires techniques et financiers sérieux, et veiller ainsi à une bonne articulation avec les collectivités locales, les institutions et l’administration concernées. Enfin, surtout, s’appuyer sur une confiance réciproque entre les agriculteurs porteurs du projet. A cet égard, l’habitude de travailler étroitement ensemble constitue une réelle opportunité…
Chiffres-clé SAS MéthaBraye 17 éleveurs associés (vaches laitières, bovins allaitants, porcs, volailles, chèvres) Création de la SAS : 2012 Gisement de matières estimé : 29 536 t/an dont 86% d’effluents d’élevage (fumier, lisier) et 14% de ressources végétales (déchets végétaux, ensilage) ; 1/3 liquide et 2/3 solide Mise en fonctionnement du site de production : 1er semestre 2017 Injection de biogaz : 2e semestre 2017 2 ETP salariés pour le fonctionnement 2 sites ICPE : 1 site de production + 1 site d’injection (distant de 16km) Investissement total : 6,6 à 6,8 M€, dont 220 000 € de frais d’étude Chiffres d’affaires annuel prévisionnel : 1, 3 M€ |