Le Cognacais où se déroulait l’assemblée générale de la Fédération des cuma des Charentes le 9 mars, fait un peu « figure à part » dans le paysage agricole charentais. Un territoire où l’atmosphère est globalement atone en raison des mauvais résultats de ces derniers mois. Les organisateurs de l’AG n’ont pas souhaité pour autant céder au désespoir. Ils ont donné la parole à des groupes créateurs de chaînes de valeurs, économiques et humaines.
Ciap : un marchepied à l’installation
C’est le représentant de la Coopérative d’installation en agriculture paysanne (Ciap) basé en Loire-Atlantique et actif sur la région des Pays de Loire, qui a ouvert les échanges en présentant un outil d’aide à l’installation pour les jeunes porteurs de projets. Objectif : faciliter leur entrée dans le métier en leur proposant 3 outils : un stage de formation professionnelle (200 heures de formation + 1620 heures stage pratique chez un paysan « référent »), un « espace test avec une mise à disposition de foncier et de matériels où le candidat peut se faire la main, et enfin une solution de portage temporaire pour démarrer l’installation. C’est en effet la coop qui assure momentanément l’hébergement administratif, juridique, comptable et fiscal, ainsi qu’un préfinancement de trésorerie pendant la période de démarrage. La durée du parcours va de 7 mois à 2,5 ans. Par ce biais, 80 installations ont pu d’ores et déjà être mises sur les rails.
Lait « En direct des éleveurs »
D’autres collectifs ont témoigné. Parmi eux, Véronique et Christophe Delage, qui ont relaté leurs parcours au sein de la marque de producteurs « En direct des éleveurs ». Celle-ci regroupe au sein d’une SAS des exploitations de Haute-Vienne, de Charente et des Pays de Loire (14 en tout). Elles ont créé leur propre laiterie avec un leitmotiv : pas d’intermédiaire, de la qualité et une totale traçabilité. Les éleveurs assurent eux-mêmes des animations dans les grandes surfaces pour promouvoir leur lait UHT riches en Oméga 3. Pour l’instant, les prix de vente observés depuis 1 an, 320 €/1000 en moyenne, dépassent sensiblement les tarifs pratiqués par les autres laiteries, même s’ils sont encore loin de leurs objectifs à plus de 400 €/1000 l.
GIE à une taille humaine
Autre témoignage : celui de François Pelloquin, gérant du GIE de la Ferme de Chassagne, exploitant bio à Villefagnan. Le GIE regroupe 9 fermes biologiques (13 producteurs) qui transforment et commercialisent en commun 500 tonnes de céréales, oléagineux, légumes secs, vendus en direct ou à des grossistes. La dynamique collective leur a permis de réaliser des investissements nécessaires à cette activité: matériels de tri, stockage, conditionnement. « Nous sommes des fermes de tailles moyennes qui résistent pour autant à la conjoncture en se réappropriant la valeur ajoutée » détaille le gérant du GIE, qui veut se renforcer en nombre d’exploitations adhérentes, en volume en passant de 500 à 1000 tonnes par an et en moyens matériels, « tout en gardant une taille humaine » insiste Francois Pelloquin. Preuve que cette synergie entre agriculteurs qui partagent une même vision du métier, porte ses fruits: cinq autres jeunes candidats veulent rejoindre le groupement.