L’herbe d’automne ne se néglige pas. Dans les zones herbagères entre Pays de la Loire et Poitou, les éleveurs engagés dans le programme Life pâturage tournant dynamique (voir encadré) rongent leur frein. Joséphine Cliquet est animatrice technique de la Caveb et coordinatrice du programme : «Les prairies sont sèches. Les quelques pluies de mi-août n’ont pas suffi pour reprendre le pâturage» et septembre est arrivé avant que les animaux puissent à nouveau pâturer.
«Á la mise à l’herbe dans notre zone», qui s’étend sur les Deux-Sèvres et les départements limitrophes, «la pluie a posé des problèmes de portance». Le printemps 2016 a été une saison «compliquée mais productive. La pousse a été irrégulière et» alors qu’il y avait eu des croissances hivernales à la faveur de la douceur constante, «il y a eu des conditions stressantes favorisant une épiaison rapide des graminées». Nombreux ont été les éleveurs, quelque soit leur système de pâturage, à avoir eu le sentiment d’être dépassés par l’herbe qui, désormais, se fait donc un peu attendre.
Le surpâturage d’automne, ennemi du rendement au printemps
Pour l’automne, nul ne sait encore ce que le climat réserve aux éleveurs herbagers. Néanmoins, leur conduite devra être tout aussi rigoureuse, s’ils souhaitent optimiser la ressource en fin d’année, mais aussi la suivante. «On prépare déjà le pâturage de la campagne 2017», insiste l’animatrice. «Les bourgeons de tallage se développent. Il faut être rigoureux pour ne pas stresser les plantes.» Elle rappelle encore le conseil: ne pas rentrer trop tôt dans les paddocks et surtout, «ne pas surpâturer».
Les ruminants sont au parking en attendant le feu vert
Le pâturage tournant dynamique (PTD) conseillé dans le cadre du programme Life se base sur le stade physiologique des graminées, avec une entrée à trois feuilles développées et une sortie avant que les animaux consomment la gaine. Pendant l’été, «nous sommes confrontés à des sécheresses estivales» et les éleveurs doivent avoir recours à une parcelle “parking” ou rentrer leurs animaux en bâtiment, en attendant que leurs paddocks ré-atteignent le bon stade. Pas d’exception en 2016: pour le moment, «rien n’est vert». Joséphine Cliquet constate: «Á l’automne, la difficulté est de bien atteindre ce stade des trois feuilles pour revenir sur les paddocks.» La patience est donc de mise et elle sera certainement récompensée par la qualité. L’animatrice prend l’exemple du taux de MAT (matière azotée totale) des échantillons d’herbe prélevés sur les paddocks en PTD en 2015 qui sortait à 20% à l’automne, contre 16% au printemps.
Un projet sur cinq ans Le programme Life PTD est porté par la Caveb qui collabore avec différents partenaires locaux et nationaux. Prévu pour une durée de cinq ans, il bénéficie du soutien de la Commission européenne. Le projet repose sur la gestion des surfaces en herbe et s’appuie sur le respect des conditions nécessaires à la plante pour maximiser sa production de biomasse et assurer sa haute valeur nutritive. En 2016, 72 éleveurs de bovins ou d’ovins bénéficiaient de l’accompagnement technique individuel. L’animatrice du programme précise: «Nous organisons aussi des réunions : par groupe d’éleveurs quatre fois par an, et une autre, générale, avec le monde de la recherche», qui y est associé. En effet, un objectif est de produire des références. Les premiers résultats exploitables sont attendus pour 2018. Le Life PTD sur Facebook |