Si le gouvernement a annoncé lundi un plan de développement pour atteindre 15% de surfaces agricoles cultivées en bio d’ici 2022, les régions ont également mis en place des outils pour faciliter cette transition. « Le premier objectif est de continuer à accompagner, dans un rythme soutenu, les conversions bio », résume pour le Grand-Est, Pascale Gaillot, vice-présidente en charge de l’agriculture et de la ruralité. Problème, pour la période 2014-2020, la région est arrivée à l’épuisement des fonds bio dès la fin 2017.
« On est en train de regarder comment augmenter de 30% ces lignes budgétaires pour 2018-2020 sur le territoire du Grand Est. Ce n’est pas simple, on vit avec trois plans de développement rural, un pour chacune des anciennes régions, Champagne-Ardenne, Alsace et Lorraine. Il s’agit de cofinancer les dossiers à hauteur de 3 millions par an », poursuit Mme Gaillot.
Le développement de l’agriculture bio : très variable d’une région à l’autre
Notamment pour des facteurs climatiques et de types de production. Ainsi, les régions Occitanie, Auvergne/Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine occupent les trois premières marches du podium, que ce soit en nombre d’exploitants convertis au bio ou en termes de surface agricole cultivée en bio. « Le démarrage des produits bio s’est quand même fait beaucoup sur les fruits et légumes et ce sont des régions très productrices », explique à l’AFP Florent Guhl, directeur de l’agence Bio.
Mais les régions les plus septentrionales ne baissent pas les bras pour autant : si la région des Hauts-de-France part de très bas, « c’est celle qui est sur la dynamique la plus forte », selon M. Guhl. « On part de loin », admet Marie-Sophie Lesne, vice-présidente (LR) chargée de l’agriculture, qui rappelle que la région n’a que 1,2% de surface agricole utile cultivée en bio. Mais avec +20% de producteurs bio en 2017, soit 150 fermes converties, « la dynamique est là ». La région a mis en place le point accueil bio, un guichet unique « où tombent toutes les demandes de conversion », explique Mme Lesne.
Inquiétudes sur le financement
La région Centre/Val de Loire, elle, indique avoir « mis en place, depuis 2013, un dispositif CAP conversion (…), qui permet d’accompagner avec une méthodologie commune à tous les partenaires les porteurs de projets souhaitant se convertir au bio ». Ces outils visent à favoriser le partage d’informations. Mais les régions s’inquiètent du désengagement de l’Etat sur les aides aux agriculteurs bio. La région Grand-Est souhaite « consolider les exploitations qui font du bio, que toutes les productions trouvent leur marché », assure Mme Gaillot. « Nous avons engagé en 2017 un plan ambitieux de 14 millions d’euros sur cinq ans permettant d’offrir davantage d’aides directes aux producteurs bio (+40%), de soutenir leurs projets d’investissement et de développer de nouveaux marchés en renforçant la compétitivité des exploitations », fait valoir pour sa part la région Auvergne/Rhône-Alpes.
Les financements publics peinent à suivre l’essor du bio.
« Toutes les régions partagent l’objectif d’accompagner l’incroyable dynamique de développement du bio », indiquait en avril Jean-Pierre Raynaud, président de la commission Agriculture à l’association des régions de France, après l’annonce des premières grandes lignes du plan bio, mais elles réclamaient également une « clarification » sur les moyens engagés. Sur le 1,1 milliard annoncé par le gouvernement, on compte notamment 630 millions d’euros de fonds européens Feader, gérés par les régions, dont une grande partie a déjà été consommée, selon la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) qui dénonce « un plan ambitieux sans argent ».
« Il nous faut, jusqu’en 2020, pour soutenir le taux de conversion actuel, 430 millions d’euros. Dans les budgets régionaux, il ne nous reste que 45 millions d’euros », a déclaré à l’AFP Guillaume Riou, président de la Fnab, qui attend la présentation d’une maquette financière du plan, « dans les prochains jours ».