Visite chez trois « pariculteurs » primés par la ville de Paris.
Un potager sur les toits
Cultiver un potager avec la Tour Eiffel et la Tour Saint-Jacques à l’horizon ? C’est possible depuis 2016, au « Jardin Perché » sur le toit du BHV Marais où la start-up Sous les Fraises cultive une ferme urbaine de 1.400 m³.
« Qui a de la sauge dans son jardin éloigne le médecin » lance Marie Dehaene, membre de cette entreprise qui cultive aussi sur les toits des Galeries Lafayette Haussman, en cueillant l’une des 22.000 plantes de la permaculture verticale.
Thym, romarin, fraises, framboise, kiwi, menthe sont emmitouflés dans de petites poches faites de chanvre et laine de mouton, sur de grands panneaux verticaux. Dans ce labyrinthe, 40 espèces de plantes jonchent les deux côtés d’un sentier, composé de planches en bois.
« Notre but est d’installer des écosystèmes, repenser l’environnement urbain pour réintégrer la nature dans la vie des hommes » précise l’ingénieur agronome qui écarte de la main l’une des abeilles des dix ruches installées sur le toit.
En plus d’une épicerie en ligne et d’un pop-up store, plus de 80 chefs de restaurants de Paris viennent piocher dans ce capharnaüm végétal, « ils sont ravis d’acheter des fleurs comestibles, des plantes fraiches et qui viennent du potager d’à coté », assure Marie.
Une ferme urbaine souterraine
« Tu cherches Théo ? Faut descendre encore un peu », lance un jeune homme assis à l’entrée du parking. Quelques mètres plus bas une véritable fourmilière humaine apparaît.
Sous une HLM Porte de la Chapelle (18e), au niveau -2 d’un parking, une drôle de production agricole bio s’est installée depuis 2017: La Caverne, une ferme urbaine souterraine qui cultive champignons et endives.
« On cultive de manière traditionnelle, sauf que l’on est en ville », dit Théophile Champagnat, 29 ans, cofondateur de l’entreprise Cycloponics à l’origine de La Caverne et ses 3.600 m³ dédiés à l’agriculture.
« Ici, on produit chaque semaine plus de deux tonnes d’endives ». « Notre objectif est de produire au plus près du consommateur, de donner une seconde vie à ces espaces et montrer que l’on peut cultiver dans les villes de manière écologique et productive », ajoute-t-il.
Quelques mètres plus loin, 4.000 blocs de pleurotes et shiitakes déposés sur des grilles suspendues au plafond disparaissent sous la brume des humidificateurs. Près de 600 kilos de champignons par semaine sont vendus par La Caverne à des épiceries locales, des restaurateurs et des Amaps de Paris.
Une bière à un pas de son houblon
Retour à la surface, finis les champignons, place à la mousse, mais pas n’importe laquelle… la mousse d’une bière 100% parisienne. À Pantin se cache depuis 2016 La Parisienne, une microbrasserie artisanale qui brasse, embouteille et cultive une partie de son houblon dans la capitale.
« On est comme des chefs, ici c’est une grande cuisine », sourit Jean-Barthélémy Chancel, le créateur de la brasserie certifiée bio, tout en ajustant la température d’une immense cuve à quatre mètres du sol.
Des caisses de bières empilées dans un coin, une dizaine de fermenteurs au centre et l’odeur persistante de houblon: cette ancienne usine de 1.725 m³ datant des années 30 a tout d’un décor de la série TV Peaky Blinders, la démarche éthique en plus.
« On a une démarche respectueuse de l’environnement, locale et qui privilégie les circuits courts. Mais planter son houblon c’est une vraie aventure » précise Jean.
La Parisienne c’est 700 pieds de houblon plantés dans le 2ème, 15ème et 20ème arrondissements de Paris, pour une production de 24.000 bouteilles 100% parisienne sur les 1.5 millions prévus par la brasserie en 2019.
« On fait cette bière dans les 24h après la récolte, quand le houblon est frais » explique Hugo Avé, brasseur de 27 ans, dont la voix est recouverte par le bruit du concassage des grains et de l’embouteillement automatique.
Une proximité avec le produit et le client, les bières de La Parisienne sont vendues dans 1200 points de vente dans Paris.