Les nouvelles solidarités génèrent du développement

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Les nouvelles solidarités génèrent du développement

Signature du bon de commande de l'ensileuse de l'Udcuma par Alain Louis, président, avec à gauche, Dominique Chevalier, cuma La Liberté. Debout, de g. à dr., Jean-Michel Roger, président de la fdcuma, Anthony Rouillé, président de la Berricoise, Michel Le Viavant, président de la Printanière et Cédric Le Floch, cuma St Jean Breizh.

L'agriculture en Bretagne a un avenir. Dans cet avenir, sa place est renforcée. Les structures gagnent en professionnalisme et s'appuient sur des groupes dont le territoire est une échelle cohérente. L'analyse brossée par Jean Ollivro, géographe professeur universitaire.

Une place à retrouver. Le premier diagnostic qui surgit du paysage national, en général, et breton en particulier, est que la production agricole souffre d’un déficit d’image. «La reconnaissance des forces productives du minerai», que sont les produits agricoles, représente un enjeu fort pour Jean Ollivro, géographe professeur à l’université Rennes 2.

En effet, si l’activité agricole pure ne représente que 6% du PIB régional, «un tiers de l’économie en dépend directement». Preuve de ce constat initial : le «très peu d’agriculture» dans la campagne présidentielle qui s’est achevée en mai.

Défendre un regard différent

Avec des chiffres, Jean Ollivro souligne un autre exemple révélateur: «Le prix d’une terre à lotir est 30 fois plus élevé que celui d’une terre agricole. Sur le littoral, cela peut même être 200 fois.» Sans aller jusqu’à multiplier son prix, le professeur estime qu’il faut retrouver un regard qui n’évalue pas la terre qu’avec le prisme du temps immédiat. «Le foncier utile est surtout un foncier productif», théorie que les villes ont eu tendance à oublier en se développant.

Et si elles sont aujourd’hui totalement dépendantes des points de vue énergétique, alimentaire…, «on constate que des dynamiques ponctuelles s’initient, avec des jardins partagés par exemple». Un signe d’espoir laissant envisager que la page de cette «économie de la facilité» se tourne et que la vraie richesse de la terre et de la production agricole gagnera en notoriété ? Peut-être.

Toujours est-il que seulement 11% des terres émergées sont cultivables, or «l’augmentation de la population mondiale induira une croissance de l’artificialisation. Nous allons vers une faim de terres». Fort de ce constat, Jean Ollivro prévoit: «Il va falloir revenir à une économie productive… Il n’y a pas que le tertiaire qui compte.» Tout un programme, à l’heure où il existe des élus locaux capables d’expliquer qu’aucune entreprise n’est établie dans leur commune, oubliant les agriculteurs qui y vivent et y travaillent.

C’est globalement tout un vocabulaire qui est à revoir: exit «l’exploitation». Le géographe les envisage plutôt sous une identité de «PME rurales», qui créent de l’emploi. Car si la taille des unités de production augmente, que l’effectif de chefs d’entreprise agricole se réduit, «on oublie souvent de dire que les volumes produits se maintiennent». En conséquence, «le besoin en forces d’appoint», telles que la main-d’oeuvre et les équipements, «est également constant».

Le retour à une seule agriculture, mais diverse

Plus complexe, la mutualisation devient aussi «de plus en plus indispensable» dans ce schéma. «On constate qu’il y a un besoin d’externalisation», que ce soit avec de l’accompagnement ou par la présence d’un parc de matériels partagé. Les éléments pour maîtriser les coûts «sont plus que jamais pertinents».

Enfin, c’est aussi par des forces mutualistes que les acteurs ont le moyen de se resserrer autour de la production paysanne et d’en garder le contrôle, en limitant la dépendance à des opérateurs externes, par exemple à propos de la valorisation du produit.

Jean Ollivro est donc convaincu que les nouvelles solidarités sociales créent du développement. De son analyse, il retient que les territoires qui s’en sortent le mieux, sont ceux où se créent «ces nouvelles solidarités qui prennent en compte leur territoire et ses spécificités». Ainsi, les logiques mutualistes pertinentes à l’avenir seront moins pyramidales que territoriales et certainement soumises à moins de clivages.

L’enseignant prédit en effet «la fin de l’opposition entre l’agriculture écologique, biologique… d’un côté, et intensive, productiviste… de l’autre». Avec l’avènement de dispositifs d’intensification basés sur des mécanismes écologiques, des passerelles s’érigent et «ce modèle dual explose. Il y a un gradient qui s’opère», cette réconciliation étant un autre facteur favorable au développement.

L'Avis de Jean-Luc Boursier
Les cuma ne sont pas nouvelles mais doivent garder l’ouïe et l’agilité de la jeunesse

Jean-Luc Boursier, président de la FRcuma Ouest



Il est évident que les cuma sont une contribution aux solidarités sur les territoires et qu’elles participent à leur développement. En revanche, elles ne sont pas nouvelles. Cela ne les empêche pas de conserver une grande pertinence, sous réserve d’être elles-mêmes à l’écoute des besoins de ce territoire et des agriculteurs. Cette qualité d’écoute, les cuma y ont toujours été très attachées. Le respect de la diversité (d’opinions, de systèmes...) fait partie des fondamentaux du réseau et, sur le terrain, beaucoup de cuma regroupent des agricultures différentes.

La capacité de toutes les accompagner est une autre ambition qu’ont les cuma. Il est certain que l’évolution des exploitations qui semblait converger au siècle dernier est plutôt sur la voie de la diversification des systèmes, des modèles, des objectifs...

Tout ceci suppose une remise à plat du fonctionnement des cuma puisqu’elles ont été créées dans et pour un contexte agricole plus homogène, plus stable et plus lisible. C’est le constat que nous avions fait lors de nos séminaires de prospective en 2011 et 2014. Nous avions alors tracé trois axes de progrès pour nos groupes: professionnalisation (des services, de la gouvernance), agilité (souplesse, flexibilité, réactivité...), mise en réseau (ouverture, partenariats collaborations...). Les cuma qui ont été créées pour mutualiser une demande de machines, doivent aujourd’hui
évoluer vers une proposition d’offre de services, avec notamment une main-d’œuvre performante.


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