1. Désherbage mécanique : désormais, la disponibilité des outils n’est plus une excuse
La cuma Agribocage (Iffendic) participe à la transition écologique. Elle réserve, notamment, un tracteur de 140 ch à la bineuse durant toute la saison du désherbage mécanique du maïs. Le guidage caméra permet d’intervenir sur des stades précoces (dès 3F) et assure un confort de conduite pour le chauffeur. Les débits de chantier en sont ainsi favorisés. La bineuse travaille aux environs de 8 à 10 km/h en général, en fonction des parcelles et des stades d’intervention.
Comme le précise le chef d’équipe des chauffeurs, « c’est une bineuse de précision qui demande des réglages assez techniques. Elle n’est donc accessible qu’en prestation complète ». Jusqu’à présent, c’est un matériel principalement sollicité par des agriculteurs bio, pour 70 ha en 2021. Ils l’apprécient justement pour sa précision de travail auprès du rang.
Le binage guidé à Agribocage, c’est en moyenne 2 ha/h
Les adhérents de la cuma Agribocage ont tout de même accès à la bineuse “classique” quatre rangs. Ils l’utilisent pour les interventions plus tardives, au stade 8F par exemple.
Ces bineuses complètent la diversité des matériels de désherbage mécanique, déjà présente et qui s’enrichit sur le territoire. Cette même cuma a par exemple acheté en 2022 une houe rotative Einböck.
Sa voisine, la cuma Orée des bois à Montfort-sur-Meu, s’est en même temps doté de la herse étrille Treffler à pression constante. L’organisation de rendez-vous “Bout de champs” mobilisant différents partenaires (Agrobio, Ceta, chambre d’agriculture, fdcuma, etc.) accompagne cet essor.
Les agriculteurs y échangent sur les réglages, les stades d’intervention. Ils sécurisent le changement de leurs pratiques.
2. Photovoltaïque : la couverture des cuma produit de l’énergie favorable à la transition écologique
Les projets de panneaux photovoltaïques sur les hangars de cuma ont fleuri ces dernières années. Les installations continuent à se développer. En Ille-et-Vilaine, cinq cuma ont déjà fait le choix d’investir dans l’énergie du soleil. Au total, ce ne sont pas loin de 500 000 kWh/an qui sont produits sur les toits de leurs bâtiments, soit l’équivalent de la consommation moyenne de 33 foyers français. D’autres projets sont en réflexion ou en cours, comme à la cuma de Langon, qui profite de la construction de son nouveau bâtiment pour y installer des panneaux solaires.
3. Trieur mobile : la nouvelle activité multiplie les débouchés
Plusieurs groupes sont équipés pour le tri de grains et ce service continue de faire des petits. Exemple en Ille-et-Vilaine où deux nouveaux trieurs-séparateurs mobiles et complémentaires entrent en service pour les producteurs bio. Le premier est un trieur à grilles qui propose un débit compris entre 2 t/h et 15 t/h, en fonction de l’exigence de tri.
Le second est un trieur alvéolaire qui travaille à une cadence maximale de 1 t/h, pour un tri spécifique. Par exemple isoler de la vesce dans un lot de blé sera utile, entre autres, dans le cadre d’une autoproduction de semences, pour éviter d’implanter des graines indésirables. Le service facilite le stockage à la ferme et la meilleure valorisation des récoltes, pour les paysans boulangers, les fabrications d’aliment à la ferme ou l’autoproduction des semences. Ce développement que porte la cuma Innov 35 participe donc à encourager les cultures de mélanges, celles-ci étant un atout agroécologique (meilleure couverture du sol, fixation de l’azote de l’air par la légumineuse, diversité, résilience du système…).De plus, les adhérents de l’activité peuvent valoriser différemment leurs cultures. Ils disposent de tous les outils pour vendre le blé à une meunerie tout en valorisant la féverole par leur atelier d’élevage, dans le cas d’une association ble-féverole.
4. Bois : la déchiqueteuse dynamise une filière intéressante pour la transition écologique
La cuma Les landes fourragères investit dans une déchiqueteuse. Ainsi, elle répond aux besoins de la filière bois sur son territoire. Ce matériel valorise le bois bocager en plaquette. La demande des agriculteurs est croissante en la matière. Ils souhaitent entretenir et valoriser le paysage bocager. En même temps, ils trouvent là un moyen de diversifier leurs revenus et/ou d’augmenter leur indépendance énergétique, s’ils sont équipés d’une chaudière à bois.
La déchiqueteuse ciblée, une Biber84 (Eschlbock) adapte sa coupe en fonction des types de bois et du format plaquette souhaité. Ce dernier diffère en effet selon que le produit servira en chaudières collectives, individuelles, couverture du sol en maraîchage ou litière d’élevage… Son action couvrirait un large territoire, déjà sur le sud et l’ouest de l’Ille-et-Vilaine, tandis qu’une collaboration forte avec la cuma d’Iffendic est envisagée. Le secteur de Montfort-sur-Meu a en effet engagé depuis plusieurs années une politique de développement de la filière bois avec notamment le GIE Les beluettes à Iffendic. Sur le site de Martigné-Ferchaud, une plateforme de stockage entrera en fonctionnement en 2023. Elle permettra de collecter et de faciliter le traitement des plaquettes en vue d’une valorisation énergétique par quatre réseaux de chaleur (à Janzé, Retiers, Martigné-Ferchaud et Coësme).
Des piscines à l’hôpital, en passant par les écoles et autres salles communales, ces réseaux alimentent des bâtiments publics sur la communauté de communes de la Roche aux Fées qui, dans le cadre de sa politique de transition énergétique, s’engage à valoriser le bois bocager du territoire à hauteur de 50 % des apports.
5. Épandage : quand la fertilisation valorise les effluents
L’engin spécifique de l’intercuma des 3 Rivières basée à Pacé sert de multiples intérêts. Avec l’épandeur automoteur (Vredo), les adhérents valorisent mieux leurs effluents en fertilisant les sols plutôt que l’atmosphère. En effet, son enfouisseur à disques (9 m) sert à travailler sur les céréales en sortie d’hiver, les prairies et les cultures fourragères tout au long de la période estivale, tandis que l’enfouisseur à dents peut aussi y être attelé pour la préparation des cultures. Ces équipements permettent donc une valorisation optimale du digestat et lisier sur une diversité de cultures et sur une large période de l’année.
L’intérêt du matériel est déjà agronomique, car comme le précise l’un des utilisateurs, Romain Marqué, « la charge de l’automoteur est mieux répartie, préservant ainsi les sols du tassement ». En même temps, il peut intervenir sur les céréales tôt, alors que les sols sont encore peu portants. Du point de vue économique, les agriculteurs s’y retrouvent aussi. L’enfouissement dans le sol réduit fortement le phénomène de volatilisation.
Autrement dit, l’apport est plus efficace en termes de fertilisation. Quand, à 12 °C, 40 % de l’azote sous forme d’ammoniac serait perdu par volatilisation lors d’un épandage à la buse palette, intervenir avec un enfouisseur limite cette perte à 3 %. C’est autant d’azote qui reste disponible pour la culture. En fin de compte, l’économie d’engrais induite contribue à compenser le surcoût du chantier d’épandage.
L’organisation fait fondre la durée du chantier, et c’est bon pour la transition écologique !
L’investissement dans l’épandeur automoteur induit aussi une évolution de l’organisation des chantiers. Comme il ne quitte pas la parcelle, deux tonnes à lisier l’approvisionnent, avec le renfort d’un camion-citerne de la cuma Armorique, en fonction des distances. Certes, plus d’engins sont mobilisés mais étonnamment, le coût à l’hectare est sensiblement le même, grâce au débit. Un chantier qui aurait nécessité deux jours et demi se finit désormais en une seule journée.
6. Techniques simplifiées : les cuma sèment les graines de la transition écologique
Dans une démarche de transition écologique, les techniques simplifiées sont en plein développement, notamment pour la recherche d’économie de carburant et de temps de travail. L’entrée est aussi et surtout la préservation des sols. En Ille-et-Vilaine et en Côtes-d’Armor, les cuma proposent (en ‘location’ou en ‘prestation’) une vingtaine de semoirs semis direct et strip-till. Parmi eux, plusieurs types de technologies. Cela va des semoirs à dents, à ceux à disques, simples, doubles, inclinés…
Leur choix se décide par rapport à l’utilisation voulue et aux caractéristiques du territoire et de son sol. La cuma Ferhapel (Luitré) a investi il y a deux ans dans un strip-till Duro six rangs dans le cadre d’un renouvellement.
Cinq adhérents constituent le groupe de l’activité semis, dont Florent Goute, qui fait un lien direct entre le striptill et les enjeux environnementaux : « Il nous permet déjà de limiter l’érosion que génèrent les orages, fréquents derrière les semis de maïs… En ne remuant que la ligne de semis, on garde aussi de la fraîcheur sur l’horizon, et on maintient l’activité biologique du sol que l’on ne bouscule pas. » Le strip-till à la cuma Ferhapel se combine au semoir Monosem NG + 4, à l’origine porté mais transformé en semi-porté cette année, pour alléger le tracteur. L’adhérent confirme un avantage de son choix de s’équiper en cuma. « Nous avons acheté un matériel plus performant à moindres frais. »
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