L’élevage, sous pression foncière

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L’élevage, sous pression foncière

La Safer est dans l’impossibilité de contrôler les cessions partielles de parts sociales, dans un contexte où les terres libérées servent de plus en plus à l’agrandissement des exploitations céréalières.

La Safer observe, chiffres à l’appui, le recul inquiétant de l’élevage sur les territoires, au profit de l’agrandissement des exploitations de grandes cultures.

L’effacement des activités d’élevage dans les territoires ne date pas d’hier. Mais il se confirme d’année en année. Le président de la Safer, Emmanuel Hyest, a fait part de sa grande inquiétude sur ce sujet lors d’une conférence de presse fin mai: «Si nous ne retrouvons pas pour ces filières plus d’équilibre économique, plus de reconnaissance et de confiance dans l’avenir, nous nous dirigeons vers une uniformisation et un appauvrissement irréversible de nos campagnes», avertit-il. La diminution des exploitations laitières, bovins-viande ou de polyculture-élevage va nettement plus vite que celle des exploitations céréalières. On recensait 4 exploitations sur 10 en productions végétales en 2010. En 2016, elles sont désormais 5 sur 10.

foncier évolution des exploitations

Evolution du nombre d’exploitations par orientation technico-économique (OTEX) entre 1988 et 2016.

Ce recul de l’élevage est la conséquence de plusieurs contraintes: fin des quotas et volatilité du cours du lait, diminution de la consommation en viande bovine française, préoccupations sociétales liées à l’environnement et au bien bien-être animal… Le coût élevé des reprise,s conjugué avec une grosse incertitude sur l’évolution des revenus, invalident de nombreux projets d’installation. Même si le prix des terres en 2019 est resté stable à 4670€/ha en moyenne pour les terres et prés libres dans les zones d’élevage bovin et 7290€ pour les zones de grandes cultures. 

Perte d’emploi et de valeur ajoutée

L’impact sur les territoires se traduit directement par des pertes d’emplois. À surface égale, l’élevage est davantage pourvoyeur de main-d’œuvre. Mais c’est aussi une cascade de conséquences négatives que pointe la Safer: «Appauvrissement de la valeur ajoutée, affaiblissement de l’équilibre agronomique, fermeture des paysages, perte de biodiversité, disparition de services environnementaux, risques pour la ressource en eau dans les aires d’alimentation de captage.» La pyramide des âges où les éleveurs de plus de 50 ans sont sur-représentés, n’est pas de bon augure. Les nombreux départs à la retraite vont libérer du foncier qui risque d’alimenter la concentration. Le phénomène démographique semble imparable.

foncier temps plein

Equivalent temps plein par exploitation et par orientation technico-économique (OTEX) en 2016.

Volonté politique?

En revanche, la régulation du marché foncier dépend directement de la volonté politique. «L’insuffisante régulation du marché des parts sociales est une faille favorable à la constitution de structures sociétaires agricoles», reconnait la Safer. Le marché des parts sociales représente 1,2 milliards d’euros hors de toute régulation! Il s’agit bien souvent de cessions partielles de parts sociales pour lesquelles la Safer n’a pas le droit de préemption, mais qui donnent lieu in fine à des cessions totales échelonnées dans le temps…


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