Les légumineuses, en culture pure ou en association, ont été identifiées par l’Inra comme un des dix leviers d’action prioritaires pour diminuer les émissions agricoles de gaz à effet de serre. L’implantation d’un hectare de légumineuse (en grandes cultures) conduit à une atténuation de 636 kg CO2e/an des émissions directes et indirectes liées à l’exploitation agricole, et de 947 kg CO2e/an des émissions induites en amont (1).
Des sols plus fertiles
Les légumineuses sont les seules plantes capables de convertir l’azote de l’air en azote minéral. Françoise Vertès a identifié un meilleur coefficient de passage de l’azote aérien à l’azote fixé chez les plantes pérennes fourragères que chez les légumineuses à graines. Le trèfle blanc est ainsi champion dans sa catégorie.
Un taux de fixation variable
De plus, le taux de fixation varie en fonction de l’azote minéral du sol. Il sera plus faible dans un sol riche en azote et plus fort dans un sol appauvri. «Ce taux peut diminuer très rapidement, en quelques jours, par exemple pour le trèfle blanc recevant un pissat au pâturage», mentionne Françoise Vertès (3). D’autres facteurs entrent en jeu. Une température inférieure à 6°C limite la fixation symbiotique. L’engorgement en eau ou le dessèchement du sol freinent aussi le processus. D’où l’importance de bien choisir les espèces. Le trèfle violet ou la luzerne sont préconisés pour une prairie fauchée, tandis que le trèfle blanc est à privilégier pour une pâture (2).
Des effets directs et indirects
A qui profite l’azote fixé ? Il alimente la légumineuse et les plantes suivantes. Les non légumineuses associées bénéficient surtout de l’exclusivité de l’accès à l’azote du sol. «La spécificité des résidus de légumineuses est une minéralisation rapide comparée à celle des graminées, qui s’explique par un rapport C/N plus faible, 15-18 vs 20-28 pour les graminées», note Françoise Vertès.
Réduction des apports d’azote
Les économies sont réelles : «L’insertion d’une culture de pois ou d’un mélange céréales-légumineuses à graines dans des rotations céréalières permet de réduire la fertilisation azotée de la culture suivante de l’ordre de 20 à 60 kg d’azote par hectare», cite-t-elle. Néanmoins, attention aux fuites de nitrate. Elles peuvent être gérées en choisissant des successions culturales appropriées et grâce à la couverture de l’interculture.
Autonomie protéique
A l’échelle de l’exploitation, les légumineuses sont une piste pour renforcer l’autonomie protéique des systèmes alimentaires. Elles pourraient remplacer une partie des importations de tourteaux de soja, dont la France est très dépendante.
(1) Méthode Citepa. Agriculture et gaz à effet de serre, 2015, éditions Quae.
(2) Arvalis-infos, 20 novembre 2014.
(3) Schneider A., Huyghe C., 2015. Les légumineuses pour des systèmes agricoles et alimentaires durables. Éditions Quæ, Versailles, 514 p.