Surtransposition des directives européennes, difficultés de l’agriculture biologique, menaces de sécheresse, hausses faramineuses des coûts de production… autant de signaux négatifs qui parasitent le moral agricole. Des thèmes qui s’imposeront très certainement à l’occasion de l’inauguration du Salon de l’agriculture. Benoît Faraco et Mathias Ginet, conseillers Agriculture à l’Elysée, ont donné quelques repères sur la tonalité qu’entend donner le Président à l’inauguration du salon 2023.
Menaces sur l’eau et prochaine LOA
Les menaces de restriction d’eau sont dans tous les esprits en cette fin d’hiver. Emmanuel Macron devrait immanquablement revenir sur ce sujet. Sur les économies à faire chez les particuliers, comme dans l’industrie, y compris agro-alimentaire, ainsi qu’en agriculture. Parmi les annonces sous le coude, figure la publication d’un décret sur la possibilité de réutilisation des eaux usées en agriculture.
Emmanuel Macron devrait revenir aussi sur la prochaine loi d’orientation agricole actuellement en préparation. Celle-ci devrait être proposée en juin 2023. Avec deux axes forts : la transition climatique et le renouvellement des générations. Le Président saura-t-il convaincre de la capacité des pouvoirs publics à inverser la courbe démographique agricole ? De nombreux obstacles, financiers et fonciers en particulier, empêchent les jeunes de succéder aux agriculteurs qui partent. Près d’un exploitant sur deux, aujourd’hui, ne devrait plus être en activité en 2030.
Diminution des phytos, aides bio, grande distribution…
Le locataire de l’Élysée reviendra sans doute aussi sur la diminution des produits phytosanitaires. Emmanuel Macron devrait réaffirmer son soutien à l’objectif global d’une réduction de 50 % des phytos en 2030. Reste que la désynchronisation des règlementations, nationale et européenne, pose un problème. On vient de le voir avec les néonicotinoïdes et, très récemment, avec le S-métolachlore, substance herbicide utilisée dans les cultures de printemps. Cela induit des distorsions de concurrence. On attend que l’interdiction du S-métolachlore soit prise rapidement aussi à l’échelon européen.
Parmi les dossiers sur le feu lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture, figure la situation actuelle de la Bio. Le Président répondra-t-il aux demandes de ses représentants et des syndicats, qui plaident en faveur d’un redéploiement d’une partie de l’enveloppe des aides à la conversion vers des aides d’urgence pour soutenir certaines filières en difficulté ?
Autre sujet hautement inflammable : les négociations actuelles des prix entre la grande distribution et les industriels. Elles doivent se clore en principe au 1er mars. Une forte hausse des prix alimentaires serait impopulaire. A contrario, les agriculteurs ne comprendraient pas que l’esprit de la loi Egalim, vantée par le président de la République, puisse être démenti en ignorant la flambée des coûts de production dans les fermes.
Le Président abordera très certainement d’autre sujets dans son propos inaugural. Tels que : la replantation forestière à la suite des dégâts cumulés de la sécheresse et des maladies, le recours au vaccin pour lutter contre l’épidémie de grippe aviaire, la mise en œuvre d’aides alimentaires pour les ménages les plus fragiles…
Une inauguration « médiatisée » du Salon de l’agriculture
Après un Salon de l’agriculture annulé en 2021 pour cause de Covid. Puis une visite présidentielle ajournée lors de l’édition 2022 en raison de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron devrait profiter pleinement, cette fois, de la caisse de résonance médiatique qu’offre l’inauguration du Salon de l’agricutlure. Ce sera peut-être l’occasion de remédier un peu à sa baisse de popularité en s’affichant aux côtés des agriculteurs, une population pour laquelle l’opinion publique témoigne d’une certaine bienveillance… Les déambulations du Président dans les allées du salon, célébrant la richesse gastronomique du pays, ou faisant une papouille à Ovalie, la vache Salers égérie du Salon 2023, donneront probablement de sympathiques images. Ce sera aussi l’opportunité de faire diversion pendant quelques jours, à l’épineux sujet de la réforme des retraites qui monopolise les médias.
Mais il serait vain de faire de cette visite inaugurale qu’une opération de communication surjouée. La vitrine agricole, mise en lumière tous les ans dans la capitale, est brouillée. Et les agriculteurs portent à l’égard de la classe politique dans son ensemble une défiance grandissante.
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