La proportion de salariés agricoles, directement embauchés dans l’exploitation, ou partagé via les groupements d’employeurs ou cuma, tend à augmenter dans la population agricole. Dans certaines régions comme en Bretagne, leur nombre est d’ores et déjà plus élevé que celui des non-salariés agricoles.
Selon l’enquête annuelle sur l’emploi réalisée par l’observatoire de l’emploi de la Fnsea, près de 257 400 projets de recrutement en agriculture (saisonniers et permanents) était identifiés en 2022. Pour Philippe Béaur, délégué régional de l’Apecita, cela fait une dizaine d’année que l’on observe les difficultés de recrutement agricole.
Et depuis quelques années également dans les OPA et les entreprises en amont et en aval.« Certes, le manque de salaire peut jouer, mais ce n’est pas le seul élément déterminant. On observe ainsi qu’on recrute plus facilement des postes qui ont une dimension agro-écologique.
D’autres part, les logiques de carrière ne sont plus systématiques. « Ce n’est pas forcément la perspective d’un CDI qui va les inciter des candidats à postuler », remarque le conseiller de l’Apecita.
« Professionnaliser » l’accueil des salariés
Khadija Zeghloul, de l’Anefa Poitou Maritime, confirme : « Les tensions existent dans tous les filières agricoles, avec des candidats qui ne se projettent plus forcément sur le temps long, mais dont l’envie est de s’épanouir dans le métier ».
L’Anefa angle d’ailleurs ces actions de promotion de recrutement agricole en direction des personnes intéressées par la reconversion. La représentante de l’Anefa ajoute qu’«il ne faut pas hésiter à mettre en avant dans l’offre d’emploi les avantages matériels complémentaires, tels que la possibilité d’avoir un local et des équipements pour la restauration sur le lieu de travail… »
Pour Joël Tromeur, éleveur laitier et responsable cuma élu à la fédération des cuma de Bretagne, c’est l’ensemble des conditions d’accueil du salarié qu’il faut reconsidérer. « On n’a pas appris la fonction d’employeur, à l’école. »
La passion demeure une dimension fondamentale pour envisager le métier de salarié agricole dans la durée. Mais il est aussi nécessaire, selon Joël Tromeur, d’intégrer la notion de savoir-être, de réfléchir l’organisation du travail avec éventuellement la semaine de 4 jours, de prévoir un parcours d’intégration, de mieux prendre en compte le confort de travail, la sécurité…
En résumé, de « professionnaliser » l’accueil des salariés pour attirer dans le monde agricole de nouveaux travailleurs, qui auront envie de faire ce métier dès l’instant où ils y trouveront l’épanouissement.
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