Le regain d’intérêt des agriculteurs pour les techniques de déchaumage s’inscrit dans une approche plus large d’évolution des systèmes culturaux, notamment pour réduire le recours aux phytos, démarche communément appelée transition agroécologique …
Des objectifs multiples
Les habitudes de travail ont souvent fait oublier les objectifs du déchaumage:
- réduire le stock d’adventices par l’action de faux-semis,
- améliorer la décomposition des résidus de récolte par leur incorporation dans le sol,
- faciliter la réalisation des opérations culturales suivantes par le nivellement du sol et l’émiettement de surface, particulièrement utiles en techniques sans labour,
- réduire les populations de limaces ou d’autres ravageurs du sol dont une partie des œufs peut être détruite par déshydratation,
- améliorer la répartition des amendements calcaires et l’incorporation des effluents d’élevage épandus sur chaumes,
- permettre le piégeage des nitrates dans le sol par l’enfouissement de résidus pailleux et l’activation des repousses capables de consommer de l’azote à condition que ces repousses soient abondantes et homogènes,
- permettre la mise en place de couverts dans le respect de la réglementation en zone vulnérable.
Une intervention à raisonner
Un déchaumage bien fait est favorable d’un point de vue agronomique. A l’inverse, un excès de déchaumage ou un déchaumage mal contrôlé peut donner de mauvais résultats. C’est une intervention à raisonner comme les autres opérations culturales.
Les outils de déchaumage, qui ont la capacité de travailler très superficiellement, favorisent la levée des mauvaises herbes. A contrario, ceux qui déchaument à 5cm, voire au-delà, donneront de piètres résultats en la matière. Les semences d’adventices seront certes enfouies mais elles resteront en dormance en profondeur. Elles seront prêtes à germer dès qu’elles seront remises à la surface.
Superficiel ou profond?
Le déchaumage profond se justifie au contraire quand il s’agit de détruire des adventices déjà développées. Il en découle un classement presque inversé entre l’aptitude à faire lever et l’aptitude à la destruction des adventices des différents outils de déchaumage. Le meilleur compromis semble résider dans les outils capables de travailler relativement superficiellement tout en touchant toute la largeur de travail. Les outils dotés de disques avec un écartement serré entre eux ou encore les dents équipées de socs larges semblent en faire partie.
D’autres critères sont bien évidemment à prendre en compte dans le choix d’un déchaumeur, comme l’enfouissement ou la répartition des pailles, ou encore la capacité à créer un lit de semences suffisamment fin.
Soigner l’incorporation des résidus
L’incorporation des résidus vise à activer leur décomposition et à mieux les répartir dans la couche arable. S’il y a labour par la suite, le risque de plaquage en fond de raie sera limité. Si le labour n’est pas envisagé, le mélange des pailles avec le sol par le déchaumage est important surtout si l’interculture est courte pour diminuer la gêne occasionnée sur les éléments semeurs lors du passage du semoir. Le soin apporté à l’incorporation des résidus est également à prendre en compte lorsque le semis d’une culture intermédiaire piège à nitrates (Cipan) ou SIE (surface d’intérêt écologique) est envisagé. Comme pour une culture de colza, il convient de réunir les paramètres pour assurer la réussite de la levée. Si celle-ci est réussie, la Cipan jouera mieux son rôle de piège à nitrates et sera plus concurrentielle vis-à-vis des levées de mauvaises herbes.
Faire le bon choix…
Le déchaumage est donc une technique d’actualité. En veillant à ce qu’il ne soit pas trop profond pour donner la priorité aux faux semis et à condition qu’il ne soit pas géré comme une habitude de travail, c’est une opération culturale à part entière en préparation du futur semis de la culture suivante, qu’elle soit une Cipan ou une culture principale.
Aujourd’hui il existe un panel riche et variés de déchaumeurs à disques, ou à dents. Il y en a pour tous les goûts … Mais attention ! Leur travail est différent et doit être adapté en fonction des objectifs ciblés.
…en cuma
Le déchaumage ne doit pas être pris à la légère. Suivant l’année, les conditions climatiques, l’outil à utiliser peut-être différent. Et si finalement le plus pertinent n’était pas d’avoir deux à trois outils différents pour s’adapter à toutes les situations? Et en grande largeur pour aller vite… mais avec un coût de revient raisonnable évidemment? Alors il ne vous reste plus qu’à aller regarder du côté de la cuma.
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Centre Val de Loire – Octobre 2019.