Dès l’instant où la décision d’embauche d’un salarié dans la cuma a été prise, tout a été très vite», explique Eric Nore, le président de la cuma. Mais tout n’a pas été facile ! Début 2014, le conseil a pris la décision d’embaucher et l’a fait valider en assemblée générale, le 1er mars 2014. Parmi les arguments les plus importants qui ont décidé la cuma à embaucher : les montants élevés des réparations et d’entretien en concession, une perte de temps dans l’exécution des chantiers, la possibilité d’apporter des prestations complètes aux adhérents qui le souhaitent, la tranquillité pour les responsables, la ponctualité pour les chantiers avec automoteur. Les administrateurs réfléchissent alors sur le profil de poste du salarié et lance, avec l’appui de la fdcuma, une offre d’emploi. Poste recherché : moitié mécanicien, moitié conducteur.
Parcours du combattant
Le président de la cuma va alors déployer tout l’arsenal à sa disposition pour trouver le salarié. Une phase qui ressemble davantage au parcours du combattant qu’à une promenade de santé ! Tous les contacts «institutionnels» se sont avérés incapables de trouver un candidat sérieux correspondant au profil recherché ! Sans doute ont-ils, à tort, considéré que pour travailler pour une cuma, seule la motivation compte… Un peu en désespoir de cause, le président a l’idée d’explorer le site Agriaffaires. Un jeune de 24 ans en recherche d’emploi y a déposé une demande. Le président lui téléphone pour le convier à la commission d’embauche qui a lieu au bâtiment de la cuma. Seulement quatre candidats, sur les cinq retenus, se sont déplacés pour l’entretien d’embauche. Et certains ont même fait le déplacement malgré des CV très éloignés du profil recherché !
Savoir-faire et savoir-être…
Finalement, ce sera Esteban Berçon, le jeune candidat du site Agriaffaires, qui sera retenu. Tout coïncide : le savoir, il est titulaire d’un bac pro agroéquipement, obtenu à la Maison Familiale et Rurale de Limoise dans l’Allier ; le savoir-faire : il a travaillé 1 an dans une concession, 2 ans dans un groupement d’employeurs et a effectué six mois de taillage de haies ; le savoir être : il est discret, tout en étant agréable, ponctuel y compris le jour de l’entretien et d’un abord très facile. Le courant est passé entre Esteban et la commission de recrutement. Le candidat a mis en avant ses atouts et ses capacités à assumer les missions qui lui seront confiées. Il devra être autonome, tout en étant en contact permanent avec le président et surtout avec Jean-Francois Aucouturier, le responsable du salarié pour le conseil d’administration.
Pour assumer les missions qui lui sont confiées, sa capacité d’autonomie est déterminante car il gère seul le travail demandé ! Un an après son entrée, le salarié partage effectivement son temps entre d’une part, la conduite des automoteurs de récolte (ensileuse automotrice et moissonneuse-batteuse) et du tracteur chargeur et d’autre part, les opérations de maintenance et de réparation. Pour toute la partie mécanique, le salarié dispose d’un espace dans le bâtiment de la cuma et d’une voiture-atelier lorsqu’il se déplace sur le terrain ou chez des adhérents. Pour certaines tâches, nécessitant un équipement plus spécifique, il se rend dans une cuma voisine, la cuma Evahonnienne. Il reçoit alors l’aide efficace et attentionnée de Maurice Benetollo, le salarié mécano de cette cuma. Ce qui est pour Esteban, un gage de sécurité. D’ailleurs, une convention a été signée entre les deux cuma voisines, qui précise les conditions de mise à disposition de l’atelier et des équipements.
Si c’était à refaire…
Côté gouvernance, pas de problème. Tous les deux mois, le conseil se réunit et fait le point sur ce qui a été fait par le salarié. Un responsable, Jean-Francois Aucouturier, a la tâche de gérer avec le salarié, le planning, les congés, etc.
Le président de la cuma l’assure : si c’était à refaire, la cuma déciderait à nouveau d’embaucher. Suite à ce recrutement, la cuma a développé en effet des services complets à ses adhérents. La gestion des réparations et de l’entretien est désormais sous contrôle. La conduite des matériels est assurée dans de bonnes conditions. Seul bémol : la phase de recherche et de recrutement fut très problématique.
L'avis de Daniel Lefour, animateur de la fdcuma de la Creuse
Recruter, ça se prépare ! | |
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Dès l’instant où le futur employeur anticipe la création d’emploi, le recrutement est plus facile. Dans notre département, la fdcuma propose un accompagnement sur 2 jours au minimum des cuma en réflexion d’embauche. Lors de cette formation intitulée « Réussir l’emploi », on évalue ensemble le contenu quantitatif et qualitatif du futur poste, la nature et le calendrier des travaux… Cela évite certains pièges comme par exemple le fait de rechercher un «mouton à cinq pattes». Ces deux jours sont espacés de 2-3 mois, de manière à ce que le groupe prenne le temps nécessaire pour bonifier son projet. Nous apportons aussi un appui juridique et administratif sur les droits et devoirs de l’employeur et nous sollicitons le témoignage d’une cuma qui a récemment créé un emploi. Le déroulement de la phase de recrutement doit également être maîtrisé : rédaction précise du libellé de l’offre, large diffusion, y compris dans les réseaux professionnels et sans oublier le bouche à oreille, désignation d’une commission d’embauche. L’objectif est de se donner le maximum de chances pour trouver le bon profil dans un contexte où le vivier de candidats potentiels est restreint sur certains postes comme chauffeur-mécano. Depuis quelques années, deux postes de CDI sont créés tous les ans dans notre département. Malgré la conjoncture difficile dans notre zone d’élevage, certains responsables de cuma restent convaincus du bien–fondé de la création d’emploi dans leur cuma. Propos recueillis par V. Demazel |