La Fédération Nationale Bovine (FNB) dans un communiqué publié fin août, avance 13 «exigences» pour passer la crise et construire l’avenir. Elle juge la conjoncture actuelle comme étant «une situation inédite qui nécessité des mesures d’urgence». Les cours demeurent en effet désespérément trop bas: 3,43€/kg de carcasse en moyenne ces derniers mois pour les vaches. Un euro de plus serait nécessaire selon les experts de la filière… Et l’arrivée supplémentaire de vaches de réforme laitières consécutive à la crise, n’arrange rien (voir à ce propos les dernières annonces du ministre de l’agriculture en matière de réduction volontaire de la production laitière). On redoute aussi l’arrêt d’élevages laitiers et leur reconversion en élevages de bovins viande.
Retrait du marché
Pour répondre sans attendre à cet excès d’offre, la FNB ose une proposition «iconoclaste» : carrément retirer les animaux en état 1 d’engraissement (échelon le plus bas de la grille de classement des carcasses de gros bovins) de la consommation. Pour dégager le marché, elle souhaite aussi que soient financées des «aides alimentaires ciblées aux population en situation d’extrême nécessité». Elle demande en parallèle, la possibilité de différer les sorties d’exploitations de femelles allaitantes en indemnisant le maintien en exploitation des animaux. Enfin, la Fédération bovine souhaite ouvrir une réflexion axée sur l’adéquation durable entre l’offre et la demande.
Toutefois, les représentants des éleveurs bovins viande entendent plus que jamais développer les exportations sur les marchés extérieurs, malgré le caractère souvent instable de ces débouchés (concurrence commerciale, normes sanitaires, crises géopolitiques, aléas monétaires… ).
Faciliter les départs?
Une des «exigences» concerne la mise en place d’un dispositif de soutien aux éleveurs souhaitant se reconvertir ou arrêter leur activité. Une proposition susceptible de déclencher un débat entre ceux qui veulent proposer des sorties de crise «honorables» aux éleveurs en situation économique dégradée et ceux qui redoutent la mise en place pernicieuse d’un énième plan de licenciement des éleveurs bovins, dont l’effectif n’a cessé de décroître ces dernières années.
Dans ce contexte morose, le possible coup de frein aux négociations du TAFTA, voire leur arrêt définitif, est jugé plutôt comme une bonne nouvelle pour la profession qui craignait beaucoup d’une ouverture trop large des frontières nord-américaines.
Encore plus de transparence!
Les autres mesures revendiquées concernent surtout la traçabilité à amplifier de manière à offrir au consommateur une information claire de l’origine et de la qualité des morceaux de viande sur les linéaires des grandes surfaces. Et en amont de la chaîne, les éleveurs demandent aussi qu’ils puissent légitimement avoir connaissance de la destination de leurs animaux et leur valorisation. Un chantier ambitieux au regard des relations encore trop opaques qui règnent dans les circuits d’achat, de transformation et de distribution de la viande bovine.