Tout d’abord, la visite commence par un accueil et un échange avec Laurent Vacelet, en earl à un associé, qui explique son parcours. Il y a une vingtaine d’année, Laurent était à leur place, au lycée agricole de Montmorot, avant d’entamer un BTS ACSE pour maîtriser la gestion sur la ferme. Avant de s’installer, il voyage à l’étranger pour découvrir d’autres systèmes de production et affiner son regard sur son propre système. L’installation sur la ferme se fait à deux au départ puis en earl à un associé par la suite, avec un salarié. Suite à l’installation de ce salarié, la question de la main d’œuvre devient un sujet de réflexion aujourd’hui pour Laurent (reprise familiale, service de remplacement).
Les remembrements successifs avec les agriculteurs alentours permettent de constituer un parcellaire unifié autour de l’exploitation. L’engagement des agriculteurs locaux dans la cuma, la fruitière locale et les remembrements leur permet d’avoir l’habitude de travailler ensemble et facilite les échanges. La qualité de la communication et des relations humaines sont des notions acquises et importantes pour les agriculteurs locaux. Et cela donne 67ha de prairies permanentes, principalement en propriété, pour l’exploitation. Le réseau d’eau développé et les clôtures électriques installées permettent d’éviter le déplacement des bêtes via une bétaillère et le déplacement de tonnes à eau.
Maitriser les charges de mécanisation
Concernant le bâtiment, de 2001, le bois a été choisi pour sa qualité et son évolution dans le temps. Le système de traite est peu commun pour la zone. En effet Laurent Vacelet a gardé le système entravé dans la stabulation, et utilise donc des griffes mobiles avec décrochage automatique, et un tank à lait mobile. Cela facilite le transport du lait jusqu’à la laiterie. Car les adhérents de la fruitière livrent toujours le lait eux-mêmes. Cela permet de garder le lien entre les éleveurs du territoire.
Ensuite, la visite continue avec les quelques matériels en propriété, remisé dans la stabulation des génisses. En outre, Laurent a raisonné la mécanisation sur son exploitation pour maîtriser ses charges au maximum. Il possède un tracteur de puissance moyenne, une autochargeuse, une pirouette et un andaineur en propriété. Le reste est partagé en copropriété ou en cuma.
Cette cuma, c’est la cuma de Cuvier. Créée en 2003, elle permet de développer l’épandage de fumier sur les exploitations autour de Cuvier, Esserval-Tartre et Censeau. C’est avec fierté que Laurent explique l’évolution de la cuma. En effet, cette dernière possède aujourd’hui 2 groupes de fauches de 6,5m avec tracteurs. Mais aussi des tonnes à lisier, des épandeurs, des presses, des semoirs, des bennes, des broyeurs, etc. Selon Laurent, la génération d’agriculteurs qui a succédée au groupe fondateur a permis d’insuffler une nouvelle dynamique. Et notamment d’utiliser pleinement l’outil cuma sur les exploitations.
Etre certain d’avoir un matériel fiable
Le renouvellement des matériels est gouverné par la recherche de performance et la disponibilité du matériel. Il doit être possible de compenser une activité en cas de panne. Renouveler le matériel rapidement (tous les 5 ans pour les faucheuses ou les tracteurs) permet d’être certain d’avoir un matériel fiable, avec peu d’entretien et donc d’optimiser le temps des chantiers.
A lire: [Fiscalité] Comment bien anticiper le renouvellement du matériel?
La réflexion de l’investissement commence par un devis réalisé par un adhérent intéressé par le matériel concerné. Ensuite, le devis est soumis en réunion à l’ensemble de la cuma, qui affine le cahier des charges en fonction des besoins de chacun et, avec l’appui de l’animatrice cuma, estime le coût de revient. Pour se coordonner, l’échange et la communication sont de mises, pour prendre en compte les différents objectifs des exploitations. Laurent reprend l’exemple d’une tonne à lisier de 15.000l, achetée il y a quelques années, qui est surdimensionnée pour son système. Mais elle reste économiquement viable. Car il y a des exploitations menant de gros volumes de lisier qui sont engagées, et qui acceptent de partager ce matériel.
Fenaison en cuma: un impact économique certain
L’impact économique du système cuma n’a jamais été mesuré sur l’exploitation. Ce qui n’empêche pas Laurent Vacelet d’être convaincu du système. Cela lui permet d’avoir accès à du matériel performant et de gagner du temps de travail. Mais aussi de garder un lien social avec les autres agriculteurs locaux.
La visite se poursuit dans la stabulation, près du stockage du foin. Ici, c’est du foin en vrac avec séchage en grange qui est distribué, et des balles rondes en complément. L’autonomie protéique, bien qu’un sujet intéressant, est peu réalisable dans ce contexte de terres légères et de climat rude pour les céréales. Les concentrés sont distribués vache par vache, grâce à un robot programmé à l’avance par Laurent.
Pour récolter ses fourrages, Laurent fait appel à la cuma pour la fauche et le pressage. Chaque groupe de fauche est disponible pour un adhérent à hauteur de 1 à 2h par jour, pour que chacun puisse faucher au bon moment. Pour le pressage, il y a une priorisation en fonction de la météo et l’activité est réalisée entre 2 adhérents qui travaillent ensemble.
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Pour Laurent Vacelet: « raisonner en collectif pour garder du lien social »
Sur la fenaison, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte, qui peuvent différer d’une exploitation à l’autre en fonction des perceptions et des objectifs des adhérents: la qualité du fourrage, le nombre de fauches par an, les différences de terrains…
Concernant le conditionnement du foin, il n’y a pour l’instant pas de freins à lever en individuel. Donc pas de projet de mutualisation dans la cuma. Mais cela ne veut pas dire que le sujet ne sera jamais abordé. Affaire à suivre.
La visite s’est terminée devant le bâtiment. Où les lycéens ont remercié Laurent pour le partage de son expérience avec une bouteille de vin, produite sur l’exploitation du lycée. Ils sont repartis avec quelques conseils de dernière minute, pour les futurs installés: aller travailler ailleurs pour s’ouvrir l’esprit, raisonner en collectif pour garder du lien social et maintenir une convivialité sur le territoire!