Ces nouvelles images, filmées entre novembre 2015 et mai 2016 et commentées par l’humoriste Rémi Gaillard, montrent « des actes de maltraitance, des violations de la réglementation et des animaux en grande souffrance au moment de leur mise à mort », décrit l’association de défense des animaux dans un communiqué.
« À l’abattoir de Pézenas, les chevaux sont parfois tirés au treuil jusque dans le box d’abattage. (…) Les cochons reçoivent des chocs électriques avant d’être vraiment insensibilisés. L’abattage rituel des bovins et des moutons donnent lieu à des images cauchemardesques », poursuit L214. « À l’abattoir du Mercantour (à Puget-Théniers, ndlr), les conditions d’abattage des bovins sont moyenâgeuses », ajoute-t-elle encore. L’association a annoncé avoir porté plainte pour maltraitance et actes de cruauté contre les deux établissements, qui ont tous les deux fermé leurs portes mercredi sans avoir réagi à la diffusion des images de L214.
Des vidéos pour la plupart obsolètes
La préfecture de l’Hérault a toutefois mis en cause les images diffusées de l’abattoir de Pézenas, assurant que « la plupart des vidéos (étaient) obsolètes: le matériel présenté n’est plus utilisé ou a été adapté, les pratiques ont été améliorées et certains opérateurs ne manipulent plus d’animaux vivants depuis plusieurs mois ». Depuis le début de l’année, la préfecture assure avoir, « sans attendre l’action de l’association L.214 », réalisé « huit contrôles de protection animale », « huit contrôles spécifiques à l’abattage rituel » et avoir « imposé des mesures correctives rapidement mises en oeuvre par le responsable de l’abattoir ». Dans un communiqué distinct, la préfecture des Alpes-Maritimes, où se situe l’autre abattoir, a quant à elle assuré qu’« un audit dans le domaine de la protection animale (avait) été réalisé (…) le 23 avril ». Il a donné lieu « à la détection de non-conformités et à une mise en demeure qui exigeait la mise en place sous deux mois de mesures correctives », a ajouté la préfecture des Alpes-Maritimes.
Généraliser la vidéosurveillance
En visite « surprise » le 17 mai à l’abattoir de Pézenas, le député LR de l’Hérault Elie Aboud, membre de la commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs, n’avait constaté « aucun dysfonctionnement ». « Franchement j’ai été surpris », a-t-il déclaré mercredi à l’AFP en évoquant sa découverte des images de L214. Au sein de la commission mise en place par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll après la diffusion de précédentes images filmées dans des abattoirs, M. Aboud assure qu’il se prononcera pour « généraliser la vidéosurveillance » et mettre en place des commissions dans chaque établissement comprenant des membres des médias et d’associations de défense des animaux et des représentants des éleveurs et des consommateurs.
Continuer à consommer de la viande
« Faut-il consommer de la viande en France en 2016? La réponse est oui », a cependant poursuivi le député, appelant toutefois à ne pas « fermer les yeux » sur la souffrance animale et reconnaissant ne pas avoir « les mêmes objectifs » que L214. Pour les fondateurs de l’association – dont le nom fait référence à l’article L214 du code rural qui reconnut pour la première fois en 1976 que les animaux étaient doués de sensibilité -, toute production animale est synonyme de souffrance pour les animaux. D’autres associations de défense des animaux ont demandé dès mercredi, devant la commission, une augmentation des moyens dévolus aux abattoirs, préconisé une généralisation de l’étourdissement avant abattage et un renforcement des contrôles.
Les précédentes vidéos diffusées par L214 au cours des derniers mois avaient notamment entraîné la création d’une commission d’enquête parlementaire. M. Le Foll avait aussi notamment ordonné des inspections dans l’ensemble des abattoirs de France et créé un délit de maltraitance qui peut viser les directeurs des abattoirs. Dans une lettre ouverte à Stéphane Le Foll, surnommé « Monsieur le ministre de la Souffrance », Brigitte Bardot a pour sa part dénoncé mercredi un « scandale (…), la goutte d’eau qui fait déborder le vase de notre indignation face à l’horreur que subissent les animaux et l’immobilisme des politiques dont les paroles ne se transforment jamais en actes ».