Le chef de l’État Emmanuel Macron s’était engagé, le 27 novembre 2017, à « prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ».
Lors des débats sur le projet de loi agriculture et alimentation, des députés, y compris LREM, avaient tenté en vain d’inscrire cet engagement dans la loi.
En janvier, Emmanuel Macron a affirmé que la France ne parviendrait pas à se passer « à 100% » du produit en trois ans, au grand dam des ONG environnementales qui avaient dénoncé une reculade. Il l’a répété depuis, lors du grand débat.
Dans un hémicycle clairsemé, la proposition des Insoumis qui visait à acter l’interdiction en novembre 2020 a fait l’objet d’une motion de renvoi en commission à l’initiative de LREM, approuvée par 53 voix contre 31, après trois heures de débat.
La rapporteure Bénédicte Taurine a exhorté le gouvernement « à prendre (ses) responsabilités », lui reprochant d’avoir jusqu’ici multiplié « les incantations ».
Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a reproché aux Insoumis de faire preuve de « dogmatisme » au lieu de privilégier le « pragmatisme ». « Je reste un militant infatigable de l’agro-écologie », mais « faut-il mettre les choses dans la loi » au risque « de mettre à mal quelques dizaines de milliers d’agriculteurs dès demain qui n’auront pas de solution? », a-t-il poursuivi.
L’interdiction du glyphosate est « actée d’ici 2021 » et « il est hors de question de revenir là-dessus », a assuré le député et agriculteur Jean-Baptiste Moreau (LREM), qui a défendu la motion de procédure en dénonçant un texte « idéologique ».
A droite, Julien Dive (LR) a reproché aux Insoumis de « mettre la charrue avant les boeufs ».
Le centriste Philippe Gomès (UDI-Agir) a lui critiqué un texte « mal ficelé ».
La socialiste Christine Pirès-Beaune a accusé la majorité de refuser le débat.
« Nouvelle discussion infructueuse sur la sortie du glyphosate », a réagi sur Twitter l’écologiste Matthieu Orphelin (ex-LREM), qui a fait partie des élus, en mai, ayant tenté sans succès d’inscrire l’interdiction de l’herbicide dans la loi.
« Le texte sera renvoyé en commission donc non étudié. Dommage ça aurait pu être l’occasion de renforcer le soutien aux agriculteurs et, pour le gouvernement, de proposer un passage par ordonnances si le progrès non suffisants dans 18 mois », a-il ajouté.
Mercredi, 50 plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui » ont été déposées au tribunal de grande instance de Lille, après une opération d’analyse des taux de glyphosate dans l’urine entamée par l’association Campagne Glyphosate dans plusieurs villes de France.