L’analyse de sol reste une pratique encore trop peu utilisée», regrette Bruno Felix-Faure, expert Agronomie chez Galys Laboratoire, une société d’analyse. Chaque année en France, «seules» 280.000 analyses de sols sont réalisées par les agriculteurs pour mesurer le phosphore, le potassium, le magnésium, les oligo-éléments ainsi que le taux de matière organique, le pH… «Pour suivre correctement l’ensemble de la surface agricole utile (SAU), il en faudrait quatre fois plus: soit plus d’un million d’analyses», indique cet expert, sur la base d’une analyse à réaliser tous les 5 ha et tous les 5 ans conformément aux recommandations du Groupement d’Etudes Méthodologiques et d’Analyses des Sols.
450€/an pour une ferme de 150ha en grandes cultures
En respectant la périodicité des analyses, tous les 5 ans pour les analyses de sol et tous les ans pour les reliquats azotés, l’analyse de la terre représente un coût global de l’ordre de 3€/ha/an.
Dans une période marquée par la baisse des rendements et de la qualité, Galys Laboratoire se rappelle au bon souvenir des agriculteurs: «Le besoin de réduire les charges d’exploitation tout en s’assurant un rendement optimal oblige les agriculteurs et les techniciens à un pilotage très fin de la fertilisation et les analyses de sol sont le meilleur outil d’aide à la décision des agriculteurs.»
Phosphore
L’assimilation du phosphore par la plante dépend entre autres du pH du sol et pour certains sols basiques, du taux de calcaire. «Piloter ses apports d’intrants sans faire d’analyse de la terre, c’est comme conduire sa voiture sans jauge d’essence: l’agriculteur n’a aucune visibilité sur les éléments consommés et il ne peut pas réajuster les niveaux lorsque cela est nécessaire», prévient Bruno Felix-Faure. Selon lui, cela peut entraîner à terme des carences dans le sol et un impact sur le rendement, notamment en colza.
«Les analyses de terre (sol et reliquat azoté) créent les conditions pour récolter en qualité et en quantité, estime encore l’expert. Il est simpliste de cloisonner traitements phytosanitaires et fertilisation, l’approche se doit d’être globale.»
Par exemple, une bonne évaluation des réserves en phosphore permet d’intervenir sur les problématiques de taupins qui entraînent des dégâts significatifs sur le maïs. Grâce à un apport d’engrais phosphaté localisé dès le semis permettant un développement plus rapide de la culture, l’impact sur le rendement sera limité. Pour les cultures pérennes, les analyses sont couplées avec celles des rameaux et sarments qui sont les lieux de mise en réserve de ce type de cultures. Ces analyses permettent d’anticiper les risques végétatifs et de déterminer le plan de fumure de la campagne à venir.