Peu de cuma des Deux-Sèvres ont fait le choix de s’équiper d’un lamier. Pour de nombreux agriculteurs, cet outil est considéré comme inadapté à un usage collectif. Après neuf ans d’utilisation d’un lamier équipé de fleaux, deux adhérents et une élue locale font part de leur expérience positive.
Un bonus pour l’entretien de l’espace rural.
Dominique Goudeau est première adjointe au maire de Romans. L’une de ses passions est la randonnée. C’est l’occasion de découvrir de jolis coins de campagne entretenus principalement par les agriculteurs. Issue du monde agricole, elle est parfois interpellée par les pratiques d’entretien des haies. Certains agriculteurs ont tendance à procéder à des tailles que l’on pourrait qualifier de «radicales», tant la végétation des haies est malmenée voir déchiquetée. «Il suffit d’un chantier de ce type pour ternir l’image des agriculteurs aux yeux du grand public», déplore-t-elle. Les élus de Romans, sensibles à cette problématique, ont fait le choix de s’équiper d’un lamier il y a 5 ans.
Deux épareuses dans le groupe
Dès 2009, un groupe d’adhérents s’est équipé de deux épareuses. L’une équipée d’un rotor et l’autre d’un lamier. Le lamier de 2,4 mètres de coupe est équipé de fléaux d’entretien. En plus de quoi, chaque adhérent s’est vu remettre 2 scies circulaires qui peuvent être montées en lieu et place de deux supports de fléaux. L’entretien et le renouvellement des scies sont à la charge des adhérents. Les scies circulaires ne sont utilisées que pour la coupe de branches basses. Les fléaux sont privilégiés pour la réalisation de l’entretien régulier des haies. Eric et Léo sont unanimes: «Le lamier permet de doubler le débit de chantier par rapport à un rotor et le travail réalisé est propre et sans projection des résidus de taille. Ceci est particulièrement appréciable lors des travaux d’entretien des haies situées en bordure d’axes routiers.» La machine à rotor est utilisée pour assurer le broyage des résidus de taille issus du passage du lamier.
Et un broyeur d’accotement
Depuis 5 ans, la cuma dispose d’un broyeur d’accotements de 2 mètres de large, que certains préfèrent utiliser en remplacement de la débroussailleuse à rotor. Cet équipement supplémentaire n’a pas occasionné de hausse des charges de mécanisation. Il a permis de les maîtriser, voire de les réduire. Simple à atteler, il est moins fragile que la machine à rotor. Il offre des débits de chantier plus importants et donne encore plus de souplesse en matière d’organisation de l’activité débroussailleuse.
Faire évoluer les pratiques d’entretien
L’arrivée du lamier a participé à faire évoluer les pratiques d’entretien des haies chez certains adhérents qui réalisent désormais une taille plus douce. Les matériels d’entretien sont facturés au kilomètre de haies présentes chez chaque adhérent avec une pondération à deux entrées: coefficient 1, pour les haies basses et 2,5 pour les haies hautes. Au total, ce sont 135 kilomètres de haies qui sont entretenus annuellement répartis sur 6 exploitations, dont 60 kilomètres sur l’exploitation d’Eric Baudu, pour un coût de 94 € du kilomètre.
Une facturation au kilomètre
La facturation au kilomètre a pour principale vertu de dissuader les adhérents d’aller trop vite et participe ainsi à limiter les casses. Eric et Léo observent que les adhérents du groupe «tailleuses de haies» ne souhaiteraient pour rien revenir en arrière. Quant au vieillissement du lamier qui a déjà neuf ans, son renouvellement n’est pas à l’ordre du jour puisqu’il ne donne pas de signe de fatigue. Contrairement au broyeur à rotor, dont le renouvellement est en cours. Pour eux, le lamier équipé de fléaux est moins cher à l’usage et plus durable dans le temps.