« Nous voulions savoir s’il y avait une corrélation entre la taille de la ferme et le résultat économique », explique Joël Restif, agriculteur en Ille-et-Vilaine pour le réseau des Civam.
Pour cela, le Civam a comparé les résultats de 170 fermes du réseau en agriculture durable (AD) mais non bio de l’ouest de la France avec un échantillon ciblé de 354 fermes du réseau d’information comptable agricole (Rica), qui alimente les informations statistiques du Ministère de l’Agriculture.
Sans surprise, ils ont trouvé une moindre utilisation de produits phytosanitaires et moins d’émissions de carbones dans les fermes qui laissent leurs vaches pâturer et achètent peu de compléments d’alimentation.
Mais « on s’est également aperçu que le volume produit ne génère pas obligatoirement plus de revenus, parce que dans nos fermes on travaille surtout sur l’efficacité économique et la création de valeur ajoutée », détaille M. Restif. « Au bout du compte la rémunération du travail est plus importante sur nos fermes, même avec des tailles inférieures », ajoute-t-il.
Selon l’étude, les fermes AD créent davantage de richesse (+24% de valeur ajoutée par actif) par rapport aux exploitations du Rica, et ce malgré une production de lait de vache inférieure: « comparées aux fermes Rica, les fermes AD ont 12.000 euros de résultat courant avant impôt en plus, avec 19.000 euros de production en moins ».
Par ailleurs, dans les fermes AD, 48% de la valeur ajoutée et des aides de la PAC sont dédiées à rémunérer le travail contre 33% dans les fermes Rica. « Le revenu disponible annuel pour l’exploitant non salarié est alors de 21.123 euros comparé à 6.974 euros dans les fermes Rica », assure l’étude.
« Ce qui nous intéresse c’est de porter un modèle agricole alternatif qui fonctionne du point de vue économique et environnemental. Surtout dans le cadre des discussions des états généraux de l’alimentation qui ont lieu actuellement », a expliqué à l’AFP Arnaud Gauffier, Responsable Agriculture au WWF France.
Car force est de constater que « l’augmentation de la productivité du travail dans les exploitations agricoles, la forte dépendance aux intrants et la course aux investissements ne sont plus gage d’efficacité économique. Il faut sortir de la religion des volumes », assure l’ONG.