Toutes les régions sont mobilisées », avec une quinzaine de sites ciblés à partir de lundi soir dans toute la France et le mouvement ne s’arrêtera que lorsque les discussions avec Lactalis aboutiront à un accord, a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la FNSEA Dominique Barrau. Silencieux depuis vendredi, Lactalis, a annoncé de son côté lundi après-midi la reprise des négociations avec les représentants des éleveurs, avec une réunion mardi matin à la préfecture de Mayenne à Laval. Calmes mais déterminés, les producteurs multipliaient dans la soirée les protestations, telles que l' »action coup de poing » menée dans le Cantal, à Riom-ès-Montagnes où une quarantaine d’agriculteurs ont déversé du fumier afin d’empêcher la sortie des camions de marchandises d’une usine Lactalis. « On ne restera pas très longtemps, l’idée est d’instaurer un climat de guerilla avec Lactalis », a expliqué à l’AFP Joël Piganiol, secrétaire général de la FDSEA du Cantal. Une vingtaine d’autres agriculteurs ont mené une opération semblable à Condat, toujours dans le Cantal où la FDSEA a demandé aux supermarchés de retirer de leurs rayons les produits Lactalis, promettant des « contrôles » en milieu de semaine. Dans le Maine-et-Loire, environ 80 producteurs ont bloqué l’accès du site Lactalis de Saint-Florent-le-Vieil à l’aide de tracteurs et déployé des banderoles proclamant « Lactalis voleur » et « Fini de bosser pour rien ». Des producteurs des cinq départements de la région Pays de la Loire ont prévu de rester « jusqu’à mercredi », a précisé à l’AFP le président de la FRSEA des Pays de la Loire, Jean-Paul Goutines.
Dans la Manche, des militants FDSEA et JA ont bloqué le site Lactalis de Sainte-Cécile, avant de faire du « filtrage », ralentissant le passage des poids lourds après la visite d’un huissier, a expliqué à l’AFP Jean-Michel Hamel, secrétaire général de la FDSEA de la Manche. Dans plusieurs départements dont le Morbihan, des actions ont ciblé des grandes surfaces, où les produits Lactalis ont été retirés des rayons. Dans le Nord, une soixantaine de producteurs ont manifesté leur mécontentement devant le site Lactalis de Cuincy, près de Douai. « On a mis symboliquement de la paille devant l’entrée pour montrer qu’ils nous mettent sur la paille (…) Il y a le risque que toute la filière laitière françaises disparaisse », a déclaré Serge Capron, président des producteurs de lait du Pas-de-Calais. En Haute-Saône, quelque 120 tonnes de fumier ont été épandues aux entrées du site Lactalis de Loulans-Verchamp, endommageant le circuit interne d’acheminement du lait, a indiqué Alexandre Lacroix, directeur adjoint de la FDSEA de Haute-Saône. Une trentaine d’agriculteurs ont pris part à cette action « dans le calme », selon la préfecture. « Lactalis revient demain à la table des négociations, c’est un premier pas », a affirmé M. Lacroix, disant attendre un « deuxième pas : un juste prix du lait, c’est-à-dire 340 euros les 1.000 litres en Haute-Saône » contre environ « 250 euros » aujourd’hui.
Les producteurs de lait ont vraiment la trouille
Deux sessions de négociations ont échoué la semaine dernière, jeudi à Paris et vendredi à Laval. Lactalis avait dans un premier temps accepté le prix de 280 euros proposé par le médiateur des relations commerciales, que les organisations de producteurs avaient cependant refusé. Ensuite, l’industriel avait proposé une augmentation de 15 euros par tonne de lait, soit environ 271 euros les 1.000 litres, un geste perçu comme un camouflet par les agriculteurs. « On voit bien que Lactalis a une énorme pression », assure Loïc Guines, évoquant un courrier envoyé aux producteurs la semaine dernière dans lequel l’entreprise menaçait de suspendre la collecte de lait en raison des actions menées contre son site de production de Laval. « Aujourd’hui les producteurs de lait ont vraiment la trouille », a-t-il assuré. De son côté, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a de nouveau jugé « pas acceptable » que Lactalis soit l’entreprise « qui paye le litre de lait au producteur le moins cher de toutes les laiteries de France », soulignant toutefois ne pas avoir de moyen de pression direct sur l’industriel. Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis soit 20% de la collecte française, ou 5 milliards de litres de lait sur les 25 milliards produits annuellement en France. L’entreprise commercialise notamment les marques Lactel, Bridel, Président, Lanquetot et Roquefort Société.
Paris, 29 août 2016 (AFP)
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