« La situation financière des abattoirs publics d’animaux de boucherie est dégradée. Ce constat amène la Cour à considérer que l’intervention des collectivités locales en matière d’abattage a perdu ses justifications », indique l’institution dans son rapport annuel. L’étude portant sur 80 abattoirs publics, communaux ou intercommunaux, dans neuf régions, montre des équipements « souvent surdimensionnés et sous-exploités, alors que leur production totale ne représente plus que 7% de l’ensemble de la filière ».
Coûteux pour les collectivités
De plus, « les tarifs pratiqués ne permettent toujours pas d’assurer l’équilibre des services et les budgets communaux supportent de lourdes charges qui s’assimilent souvent à des aides économiques consenties à des opérateurs privés », assure le rapport. La Cour souligne que de nombreux abattoirs publics ont été maintenus pour permettre à de petites exploitations locales « d’obtenir les recettes nécessaires à leur maintien » et assurant ainsi « une fonction socio-économique ».
Mais pour la Cour, le soutien public à ces équipements de proximité ne se justifierait que si « la localisation des équipements avait pour conséquence systématique, dans certaines zones, un transport des animaux pendant plus de huit heures, durée fixée par un arrêté du 5 novembre 1996 de ministre de l’Agriculture ». Or « ce n’est pas le cas« , souligne-t-elle.
L’argument de vouloir favoriser les circuits courts ne tient pas non plus, selon elle, car « leur spécificité n’est pas la distance entre le producteur et le consommateur mais le faible niveau d’intermédiation. »
Des solutions de substitution
De nouveaux modes d’abattage et de nouvelles modalités de gestion pourraient permettre de proposer des solutions de substitution, selon la Cour des comptes. Celle-ci rappelle ainsi que la loi alimentation (« Egalim ») a prévu de mener une expérimentation d’abattoirs mobiles permettant un abattage à la ferme. Elle propose également un mode de gestion privé collectif des abattoirs qui associerait tous les acteurs concernés: petits exploitants, bouchers chevillards (grossistes) et même les salariés des équipements, sous la forme soit de coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA), soit de sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC).
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