Tout le monde distingue rapidement les grands silos céréaliers ou les usines d’aliments du bétail sous enseigne coopérative qui trônent dans les campagnes. En amont des activités de commercialisation, la plupart d’entre elles proposent aussi la fourniture d’appros utiles pour les ateliers de production.
Plusieurs champs coopératifs
Dans la périphérie de l’exploitation s’inscrivent aussi d’autres structures dont l’identité coopérative est jugée moins tranchée selon certains agriculteurs. Dans la sphère du financement de l’exploitation figurent les banques coopératives alors que les mutuelles couvrent l’assurance des biens et des personnes en agriculture. Les liens avec l’adhérent de base apparaissent parfois distendus avec ces instances pourtant issues du monde agricole mais où l’on parle désormais par endroits de «clients» autant que de «sociétaires»…
Des «fermes coopératives »
La coopération, c’est aussi et de plus en plus au stade de la production agricole qu’elle se vit (à lire aussi dans le magazine Entraid’, le dossier du numéro mensuel de septembre consacré aux rapports entre jeunes et coopération. Si vous n’êtes pas abonné, cliquez ici). Sur le terrain, les agriculteurs échangent coups de main réciproques, matériels, salariés… de manière équitable et transparente, jusqu’à partager l’intégralité des moyens de production. Ainsi, le statut «SCAEC» permet de mutualiser l’ensemble de l’outil de production. Ces fermes coopératives dont la propriété commune est indivisible se veulent pérennes et ouvertes aux candidats à l’installation qui en partagent l’esprit.
Ancrées sur le territoire
Précisons que l’ensemble de cette coopération de proximité vécue entre agriculteurs est fortement ancrée dans le territoire. Par son activité, elle lui apporte de la valeur ajoutée. La coopération agricole de proximité peut aussi croiser d’autres composantes du monde rural réunies au sein de coops de territoire ou de SCIC, constituées pour défendre des projets d’intérêts communs.
En coop pour s’installer
Plus récemment, l’apparition des coopératives d’installation a montré que de nouvelles formes d’organisations collectives peuvent servir de marchepied utile pour réussir ultérieurement sa propre installation. Le bilan de ces coopératives d’un nouveau style est positif du point de vue du nombre d’installations. Ainsi la Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne (CIAP) dans les Pays de Loire est à l’origine de 80 installations (voir notre article sur le sujet). Des chiffres qui montrent que cette démarche n’est pas utopique. Face aux difficultés de financement du capital d’exploitation à reprendre lors d’une transmission, les coopératives agricoles ont assurément des éléments de réponse à apporter, telles que les solutions de portage du foncier, déjà expérimentées en zone viticole.
Coopérer : la forme et le fond !
La place et le rôle de la coopération ne cessent d’évoluer en agriculture, mais aussi dans les autres secteurs de l’économie. Ainsi, la loi Hamon de 2016 a élargi le périmètre du secteur de l’économie sociale et solidaire en y incluant désormais des sociétés qui, sans en avoir la reconnaissance juridique, garantissent par leurs statuts un fonctionnement coopératif, selon Franck Thomas de la Fncuma. Au-delà du caractère officiellement coopératif ou non d’une structure, une certitude s’impose : «La meilleure organisation coopérative ne se définit pas par ses caractères intrinsèques, mais par sa capacité à être en adéquation avec la demande des acteurs qui la pratiquent», des propos inspirés d’Henri Desroche, sociologue et spécialiste des coopératives.