Les deux pays ont signé mardi un accord prévoyant « l’ouverture de l’accès de la viande bovine (au marché chinois), avec une résolution totale dans les six mois« de l’embargo actuel, a indiqué le président français, au deuxième jour de sa visite d’état en Chine. Cette décision, qui intervient après un premier assouplissement très partiel annoncé par les autorités communistes en mars 2017, offrira aux éleveurs un accès convoité à un immense marché chinois en plein boom.
« Notre viande bovine n’a actuellement aucun accès (à la Chine) pour des raisons sanitaires. Or, la consommation française de viande de boeuf baisse de 5% par an, il faut trouver de nouveaux débouchés », a insisté le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, également présent à Pékin. « Cela permettra de monter les prix et de mieux rémunérer les éleveurs », a-t-il également fait valoir, insistant sur le « rééquilibrage » des échanges franco-chinois, antienne de la visite présidentielle dans le pays.
Le géant asiatique est affamé de viande: le bœuf occupe une place grandissante dans les assiettes d’une classe moyenne chinoise en plein essor et les viandes importées y connaissent un grand succès. Avec l’élévation du niveau de vie, la consommation annuelle de bœuf dans le pays s’est élevée en 2016 à quatre kilos par habitant, contre moins de trois kilos en 2005, selon l’OCDE. Et ce, même si le porc représente toujours 60% de la viande consommée en Chine.
D’après des estimations distinctes du ministère américain de l’Agriculture (USDA), la consommation chinoise de bœuf et de veau a bondi d’environ 12% entre 2013 et 2017, où elle a atteint 7,98millions de tonnes, excédant une production locale de 7,07millions de tonnes. Les importations chinoises de bœuf et veau ont, quant à elles, plus que doublé ces cinq dernières années.
Les principaux fournisseurs de bœuf à la Chine en 2016 étaient le Brésil, l’Uruguay, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui accaparaient près de 90% de ses importations.
La vache folle est loin
La décision chinoise est une nouvelle victoire pour Paris, qui menait ces dernières années une véritable offensive diplomatique pour que le bœuf français, touché par une série d’embargos depuis la crise de la vache folle à la fin des années 90, puisse retrouver le chemin de l’exportation. Pékin avait entièrement banni, au début des années 2000, l’ensemble des importations de bœuf européen, puis de bœuf américain, en raison des cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Mais les cas de « vache folle » paraissent désormais lointains et Washington, tout comme Bruxelles, assure depuis des années que la viande de leurs éleveurs est redevenue sûre.
La Chine avait assoupli en mars 2017 son embargo sur le bœuf français, mais cet ajustement ne concernait alors que la viande désossée des bovins âgés de moins de 30mois. Pékin avait également déjà rouvert officiellement ses portes en juin dernier, au bœuf américain après 14ans d’embargo, suite à une levée partielle dès septembre 2016.
Plusieurs autres marchés se sont rouverts au bœuf français depuis 2015, notamment le Vietnam, l’Afrique du Sud, Singapour ou encore l’Arabie saoudite. Les Etats-Unis avaient également décidé, début 2017, d’autoriser à nouveau les importations de bœuf français, qui n’avaient plus traversé l’Atlantique depuis 1998.
En revanche, selon l’Elysée, les discussions se poursuivent toujours sur la question de la volaille française, elle aussi bannie des assiettes chinoises, Pékin ayant fermé ses portes fin 2015 aux produits avicoles français suite à la réapparition de la grippe aviaire en France.