Des repreneurs? «Je n’aurais eu que l’embarras du choix», admet volontiers Ivan Alquier. L’exploitation qu’il a créée en Haute-Lande, est située dans le secteur prisé de Mimizan, en zone de sables irriguée, avec une bonne précocité. Ici, ce sont des surfaces convoitées par les exploitants en quête d’agrandissement. Lui-même a développé sur une trentaine d’années une exploitation sur 70ha de SAU. Il y produit des légumes de plein champs (maïs doux, carottes, pois). En parallèle, il gère une activité de gardiennage de caravanes dans ce secteur très touristique. Le tout, sans compter ses engagements professionnels*.
Ivan Alquier a anticipé la question de la transmission
S’il indique s’être préoccupé de la reprise de son exploitation à l’âge de soixante ans, les virages stratégiques qu’il fait prendre à son exploitation bien avant indiquent en fait une prise en compte du sujet bien plus précoce. «Je n’ai pas mis la pédale douce sur les investissements, au contraire. Je savais bien que vers 65 ans il faudrait ‘lâcher’, mais c’est tout.»
Ainsi il n’hésite pas à engager la conversion de l’exploitation en bio. C’était en 2012, soit cinq ans avant son départ en retraite. Il tente en parallèle l’aventure de la main d’œuvre saisonnière, pour l’épauler sur le désherbage.
Le prolongement de l’exploitation
L’agriculteur est impliqué dans la cuma de Mimizan. Sur celle-ci il appuie sa stratégie d’exploitation: «85% de mon matériel est en cuma», explique-t-il. La cuma, notamment sous son impulsion, obtient la reconnaissance Groupement d’intérêt économique et environnemental en 2016. Elle travaille en particulier sur la substitution de la fumure minérale et chimique par des apport organiques locaux. On réalise alors l’intrication entre la cuma et l’exploitation, qui fournit plus de 20% de son activité à la cuma.
Plus qu’une entreprise, Ivan Alquier a donc tenté de transmettre une série d’engagements. «J’ai eu la volonté de démontrer que l’on peut tirer un revenu convenable d’une surface de 70ha.» C’est une petite SAU dans le secteur. La mécanisation partagée, les projets portés par les agriculteurs et le recours à la cuma font intégralement partie de cette stratégie. Une démarche forte, puisque Ivan Alquier a cédé son exploitation à un prix bien inférieur que celui qu’il aurait pu en tirer s’il avait joué «ce jeu des enchères.»
Reprise par un ancien saisonnier
Si, un temps, s’est posée la question d’une reprise familiale, c’est finalement un saisonnier, venu travailler trois étés successifs, qui prendra ce flambeau. Olivier Beilleau est fils d’éleveurs du Maine-et-Loire. Son parcours est hors-norme. «J’ai toujours eu en tête d’être théorique et pratique», explique-t-il. Il enchaîne donc un BTS Acse, des missions de remplacement, du salariat agricole, et finalement un année de licence pro. Il devient ensuite conseiller de gestion en Gironde, pendant 5 ans.
C’est à ce moment qu’il décide, ayant maintenu des liens amicaux avec la famille Alquier, de se porter candidat à la reprise de l’exploitation. «Il a aligné les chiffres, de manière très prudente», confirme Ivan. «L’exploitation a de gros atouts», explique Olivier. L’irrigation, qui sécurise les rendements. Les sols sableux, l’environnement… «Il y a une belle dynamique à Mimizan, les agriculteurs essaient de faire évoluer le métier.»
L’autre atout, c’est la cuma. «C’est une stratégie historique d’Ivan, et c’était le deal! Le fait d’être en bio me permet aussi de vivre de l’exploitation à 100%. J’apprécie énormément la dynamique de recherche. J’ai d’ailleurs adhéré au GR Ceta pour m’améliorer techniquement. C’est un peu comme si Ivan avait lancé la démarche que je poursuis. Il m’a également transmis pas mal sur la manière de travailler avec les saisonniers», avec l’idée d’en fidéliser.
*Ivan Alquier a été administrateur, puis vice-président au sein de la fncuma de 2010 à 2016, président de la fédération régionale Aquitaine de 2003 à 2010 et président de la fédération des cuma des Landes (devenues Landes-Béarn-Pays Basque sous son mandat) de 2001 à 2014.