La rédaction d’Entraid : Dans quelle situation l’utilisation d’un automoteur est-elle pertinente ?
Vincent Roudaut, directeur commercial Pichon (importateur Vervaet) : L’utilisation de ce type d’épandeur est pertinente à environ 3 km aux alentours d’un point de pompage. Cette machine n’a pas été conçue pour passer son temps sur la route, bien qu’elle en soit capable, mais pour rester un maximum de temps dans la parcelle. Dès que l’on se trouve au-delà de cette distance, il faut commencer à organiser le chantier pour ne pas que la machine soit à l’arrêt avec par exemple, un approvisionnement directement à la parcelle par des tonnes à lisier (agricoles ou routières), des semi-remorques de transfert, des containers tampons, etc. Une réflexion en amont autour de l’organisation de chantier et de la logistique est indispensable !
Entraid : Quel volume d’effluent minimum faut-il pour rentabiliser un tel investissement ?
VR : Le plus souvent, les volumes épandus vont de 8000 m3 pour les plus petites installation à 100000 pour ceux qui tournent toute l’année. De plus, plusieurs équipements sont proposés à notre clientèle pour pouvoir tourner pratiquement toute l’année et rentabiliser au mieux l’investissement : caisse à betterave, épandeur d’engrais, épandeur solide, etc.
Entraid : Quel est le coût moyen de ce type d’automoteur ?
VR : Pour une machine neuve, il faut compter entre 350000 et 400000 € pour ce type de machine. Il faut également savoir que l’automoteur a été conçu pour limiter au maximum les frais d’entretien, la machine devant être amorti au plus vite.
Entraid : Est-ce que l’on y gagne vraiment en débit de chantier ?
VR : La pompe Borger de l’automoteur possède un débit de 9000l/min et permet de remplir la cuve (20m3) en seulement 2 minutes 30. Ensuite sur un dosage moyen de 25 m3/ha, la machine est capable d’épandre 2 à 3 fois plus rapidement qu’un tracteur de par sa puissance moteur et le débit de sa pompe. Bien approvisionnée, avec ce dosage, la machine est facilement capable d’épandre 100 m3 par heure.
Entraid : Est-ce que cela tasse moins les sols puisqu’on tasse pourtant plus de surface ?
VR : L’Hydrotrike, conçu dans les années 90, a de suite été destiné à limiter l’impact au sol lors de l’épandage, que ce soit sur culture ou sur sol nu. Alors oui, en effet, la surface de compaction est plus importante mais le poids par cm2 est plus faible. Pour cela, toutes nos machines sont équipées de pneus basse pression et d’un système de télégonflage (2 bars au travail et 3 bars sur route). Ensuite, depuis 2010, pour augmenter les capacités de la machine, un essieu supplémentaire a été ajouté à voie variable (5 mètres déplié), directionnel, avec report de charge (jusqu’à 7 tonnes lorsque que la machine est pleine) pour une nouvelle fois, limiter l’impact au sol et conserver le phénomène d’une roue par passage.
Entraid : Est-ce l’avenir des chantiers d’épandage ?
VR : C’est un des choix possibles. Pichon propose aujourd’hui un large panel de solutions pour la valorisation des chantiers d’épandage. Ainsi, il est intéressant d’étudier au cas par cas avec chaque cuma, le nombre de mètres cubes à épandre, les accès des fosses, les kilomètres à parcourir afin de proposer la ou les solutions pour valoriser au mieux l’épandage des fertilisants organiques. Dans l’avenir, les cuma devront prendre en compte plus précisément les problématiques du tassement au sol et le choix de l’équipement d’épandage.
En conclusion, les aspects environnementaux et agronomiques restent des critères de sélection importants dans le choix du matériel mais il faudra y associer une réflexion indispensable autour de l’organisation de chantier.