[Interview] Matthieu Goerhy: « L’argent sera investi et pas dépensé »

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[Interview] Matthieu Goerhy: « L’argent sera investi et pas dépensé »

Chaque cuma doit pouvoir bénéficier du même service pour un même niveau de cotisation.

Matthieu Goerhy est depuis mars 2016 le président de la fédération régionale des cuma du Grand Est. Entraid l'a interrogé sur sa vision du mouvement régional cuma du grand Est.

Cet éleveur laitier de 37 ans, père de deux enfants, veut faire du collectif un moteur pour l’agriculture de sa région (seuls 33% des agriculteurs sont en cuma). Installé en 2003, ce n’est qu’en 2008 qu’il a commencé à travailler en groupe avec la création de la cuma de la Rosée. Les responsabilités sont venues ensuite. Aujourd’hui, il promeut l’idée d’une fédération régionale forte, qui appellera directement les cotisations des cuma. A 10 départements, la régionalisation du Grand Est n’est pas une mince affaire, mais l’Alsacien y croit et veut se donner les moyens d’y arriver pour garantir à toutes les cuma de sa grande région, le même service de proximité et de qualité.

Interview Matthieu Goerhy

Matthieu Goerhy, président de la frcuma Grand Est.

Où en est la fédération du réseau de Champagne-Ardennes, Alsace et Lorraine?

Matthieu Goerhy: 2015 a été une année de réflexion pour la création d’une structure à 10 départements. Le projet politique est désormais sur les rails et nous sommes en cours de recrutement pour ouvrir un poste de directeur-coordinateur qui ferait le lien entre le conseil régional du Grand Est et le réseau des cuma. L’année 2017 sera la grosse année de transition avec un appel à cotisation régional. L’Alsace et la Champagne-Ardennes franchiront le cap l’année prochaine. Pour la Lorraine, il y a plus de flou, on se laisse 2-3 ans.

Quels sont les arguments pour emmener les sceptiques avec vous?

MG: La fédération régionale est incontournable. Avec 660 cuma sur la région, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des structures locales avec un seul salarié qui s’occupe de tout. La régionalisation permettra de mettre en place une équipe plus opérationnelle et plus spécialisée. L’objectif est clairement d’améliorer la proximité et les réponses données aux cumistes avec un numéro unique et des personnes référentes selon le dossier. Sur le terrain, cela permettra à nos cuma d’être davantage mises en avant. En Grand-Est, l’agriculture est plurielle mais les cuma ont un statut commun. Logiquement, si la politique mise en place est bonne pour neuf départements, elle le sera aussi pour le dixième.

Quel est le projet politique de la Frcuma Grand Est dans les grandes lignes?

MG: Equité ! Chaque cuma doit pouvoir bénéficier du même service pour un même niveau de cotisation. Il y a de grosses différences aujourd’hui mais il y a une volonté de se caler sur le meilleur rapport qualité/prix avec un retour sur investissement intéressant. Par ailleurs, il est nécessaire de rendre les cuma visibles sur le terrain, de les dynamiser aussi, pour montrer leur intérêt, notamment aux politiques. Il n’y a cependant pas d’objectifs chiffrés.

Les cuma doivent-elles se préparer à une augmentation des cotisations?

MG: Clairement oui. Avec des différentiels qui varient de 1 à 5, le curseur sera positionné en haut. Mais l’augmentation des cotisations va se traduire par une évolution des services. Quand on a peu de services sur un territoire, on se débrouille sans ; mais quand le service est bon, on s’en sert. Dans l’Aube aujourd’hui, personne ne remet en cause l’augmentation des cotisations.

Il y aura une règle de calcul qui sera calquée sur l’activité de la cuma. Nous allons la définir lors de notre prochain conseil d’administration à Laxou, près de Nancy, le 22 novembre. Nous effectuerons une tournée sur le terrain au début de l’année pour expliquer le projet et garantir que l’argent sera investi et pas dépensé. Les cotisations seront appelées ensuite, autour de mars-avril.

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