L’Institut national de l’origine de la qualité (INAO), gardien du temple des appellations d’origine géographique (AOP pour protégé ou AOC pour contrôlé) en France a reçu « des demandes de dérogation temporaire au cahier des charges pour 17 appellations, ce qui est très rare », a indiqué Eric Rosaz, responsable du secteur des alcools à l’INAO à la presse. Les demandes sont de trois ordres: sur le calendrier de commercialisation, sur les règles de taille des cépages et les règles d’assemblage des vins, a-t-il précisé. Ainsi, plusieurs crûs du Beaujolais ont demandé à pouvoir avancer d’un mois la date de mise en consommation des vins de la vendange 2016, afin de libérer un peu de trésorerie. Les vignobles de Chablis qui ont été très sévèrement touchés par la grêle et le gel ont, eux, demandé une dérogation pour la taille des cépages. Notamment parce que les dégâts sont tels que la taille prévue en 2016 (pour la récolte 2017) ne pourra tout simplement pas être faite selon les règles prévues dans le cahier des charges. Enfin, « trois ou quatre » demandes de dérogations aux règles d’assemblage des cépages de certains crûs ont été déposées aussi, a-t-il dit. Le cahier des charges impose en effet un pourcentage précis pour chaque cépage (pinot, cabernet, chardonnay, etc.).
« A ce stade de l’examen des dossiers, nous n’avons pas d’opposition formelle » aux demandes, a indiqué M. Rosaz, laissant entendre que des arrêtés interministériels devraient paraître d’ici novembre pour donner le feu vert à ces aménagements. De mémoire d’INAO, cela fait très longtemps que le vignoble français n’avait pas demandé de dérogations aussi nombreuses. A peine son directeur Jean-Luc Dairien se souvient-il d’une dérogation accordée « il y a une quinzaine d’années » au Muscadet, dont une grande surface du vignoble avait gelé. « Mais seul le Muscadet était concerné », a-t-il dit. « Il y a rarement eu autant de dégâts sur autant de vignobles français différents que cette année » a-t-il dit. M. Dairien a néanmoins rassuré le consommateur en prévenant que malgré ces dérogations, la « typicité » d’aucun vin ne sera affectée. « Il ne s’agit pas de remplacer un cépage par un autre, mais de mettre parfois un tout petit peu plus d’un certain cépage et un peu moins d’un autre. Et nous jugeons au cas par cas de la compatibilité des demandes avec le cahier des charges », a-t-il dit en rappelant que toutes les données sont contrôlées et publiques.
Paris, 8 sept 2016 (AFP)