Isabelle Romeluère est consultante indépendante en Haute-Vienne. Elle accompagne des groupes sur divers projets de développement. En particulier sur les projets de création d’hangars de cuma financés en partie avec des installations photovoltaïques. Le 17 mars en Creuse, devant les cuma réunies à l’assemblée générale de leur fédération, elle a reprécisé certains points clés d’un projet de hangar photovoltaïque
D’abord, partir du projet d’ensemble
« Il est nécessaire de construire le raisonnement en repartant d’abord du projet porté par le groupe» insiste-t-elle. Ce qui intéresse les cuma, concerne en premier lieu ses objectifs de remisage ou/et d’entretien du matériel et son coût final. Et pourquoi pas aussi, un futur local pour salariés ou une salle de réunion… Ces considérations passent avant les arguments du vendeur d’installations photovoltaïques qui va d’abord chercher à promouvoir les solutions les plus avantageuses pour lui.
Concrètement, cela signifie que certaines installations photovoltaïques, non optimales du point de vue de la production électrique, peuvent néanmoins être intéressantes économiquement. Deux raisons à cela:
- D’une part, la performance des nouveaux panneaux disponibles sur le marché a considérablement évolué en comparaison des premiers panneaux.
- D’autre part, les modalités des nouveaux contrats de vente ont changé. Pour les installations d’une puissance de 100 à 500kWc, le tarif s’élève à 9,80ct. puis tombe à 4ct. au delà de 1100kWh/kwc.
Comparaison bi-pente/mono-pente
Isabelle Romeluère a pris l’exemple de deux bâtiments équipés d’une centrale installée de 308,88kWc, d’une valeur de 278.000€:
- Projet 1, bâtiment bi-pente Sud-Est de 1627m2 avec 18% de pente, pour un coût de 107.500€.
- Projet 2, bâtiment mono-pente plein Sud, de 1596m2 avec 30% de pente, pour un coût de 136.000€.
Le coût de construction ramené au m2 pour ce dernier bâtiment, sera plus onéreux d’environ 20%. La production payée à 4cts. sera de 78kWh avec le bi-pente. Contre 172 dans le mono-pente. Le vente annuelle d’électricité (contrat sur 20 ans) s’élève à 12.924€ avec le bâtiment classique mono-pente. Contre 11.740€ pour le bi-pente. Mais au final, le taux de couverture (part de l’investissement couvert par la rentabilité de l’installation photovoltaïque) s’élèvera à 155% pour le projet 1. Alors qu’elle se monte à 178% pour le projet 2.
Une SAS entre plusieurs cuma
Des astuces sont envisageable pour minimiser le coût d’un projet. D’une part, du point de vue du montage juridique en cuma. En effet, celle-ci ne peut porter en son nom propre une installation photovoltaïque. Ce n’est pas dans son objet de vendre de l’énergie. Elle est donc contrainte de constituer une société. Celle-ci louera la toiture au propriétaire du bâtiment qu’est la cuma. Compte-tenu de cette contrainte, il peut être intéressant de constituer une seule société (type SAS) qui impliquerait plusieurs cuma avec un hangar photovoltaïque. Avantage: limiter les frais de constitution et de gestion de la société.
Négocier à plusieurs près des fournisseurs.
En cuma, on connait l’opportunité de mutualiser les moyens. Cela peut aussi une opportunité dans la négociation avec les fournisseurs photovoltaïques. En s’associant entre plusieurs cuma, on peut négocier des tarifs généralement plus attractifs qu’en négociant seul dans son coin. C’est ce qu’ont entrepris par 6 cuma de Haute-Vienne. Chacune d’elles, a sollicité les propositions de différents constructeurs en leur soumettant le même cahier des charges.
Une formation pour se faire accompagner
Ces cuma ont préalablement suivi en commun une formation Vivea mise en place avec l’appui de la Fdcuma, pour instruire ensemble leur projet. Cela leur permet de financer l’accompagnement d’un tiers indépendant et d’élaborer leur projet en partageant leurs réflexions. Chaque cuma concernée avait mandaté deux responsables pour suivre cette formation.
Evaluer l’intérêt de panneaux sur les bâtiments déjà en place
L’éventualité d’intégrer des panneaux sur un bâtiment neuf, n’est pas la seule option qui vaille. En effet, certains bâtiments déjà en place peuvent également recevoir des panneaux photovoltaïques. La condition sera au préalable d’évaluer leur positionnement. Mais aussi de vérifier la robustesse de la charpente et éventuellement de la renforcer. Cette consolidation ne nécessite pas dans la majorité des cas, des frais trop élevés. En général, un investissement 10-11.000€ suffira pour consolider suffisamment l’ouvrage et accueillir ainsi des panneaux. A noter: ce choix peut représenter une opportunité pour financer aussi le désamiantage d’une toiture, signale Isabelle Romeluère.
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