«Je cherchais un emploi de salarié agricole», pose Mikaël du Bois de Maquillé. «Mes parents étaient militaires et je passais mes vacances d’été et mes week-ends à la ferme chez mes grands-parents, puis chez mes oncles. Après mon bac pro CGEA obtenu par apprentissage au lycée de Sainte-Livrade, je voulais acquérir davantage d’expériences en élevage.»
Une belle opportunité d’installation
La Chambre d’agriculture le met alors en contact avec Jacques Puysservert. Gérant de l’EARL de Poumayret, il cherchait un salarié. Ensuite, deux mois plus tard, Mikaël est embauché par le groupement d’employeurs, qui le mobilise à 70% sur cette exploitation et à 30% sur la cuma Bajamont Pont du Casse. En outre, Mikaël s’occupe de la traite et des cultures dans plusieurs fermes. Ainsi, il observe différentes façons de travailler. Très vite, Jacques, trésorier de la cuma et le jeune salarié s’accordent, car ils sont sur la même longueur d’ondes.
Il apparaît évident à Jacques, dont les deux filles n’ont pas émis le souhait de revenir sur la ferme, de proposer au jeune homme de s’associer avec lui. Chacun a le sentiment d’avoir rencontré la bonne personne au bon moment. Et c’est ainsi que cinq ans après son embauche Mikaël devient co-gérant en 2012 avec 11% du capital de l’EARL.
«J’ai eu beaucoup de chance que Jacques me propose de prendre des parts dans la société. Quand les parents ne sont pas agriculteurs, cela permet une installation sans trop s’endetter», se réjouit le jeune agriculteur.
Du temps pour passer du statut de salarié à gérant
Dès lors, Jacques s’attache à faire une place à Mikaël, qui pendant longtemps se sent redevable de l’opportunité qui lui a été offerte.
«J’ai mis du temps à passer de mon statut de salarié à celui de gérant. C’est Jacques qui m’a aidé à aller de l’avant. Nous prenions toutes les décisions ensemble.»
Ainsi, la production laitière s’arrête en 2011, à la défaveur de l’absence de rentabilité économique. Le troupeau laitier remplacé par des génisses Blonde d’Aquitaine, achetées à six mois en vue d’être engraissées. Les céréales réorientées vers la production de semences (colza, tournesol, maïs, betterave, blé) sous contrat.
Si les travaux sont faits en collaboration, chaque co-gérant est responsable d’un atelier. A Jacques la partie élevage, à Mikaël le volet semences.
Installation et investissement au sein de la cuma
Depuis 2019, les rôles sont inversés. Jacques est devenu associé non exploitant et Mikaël assume sa position de gérant. Il sait pouvoir s’appuyer encore beaucoup sur l’expérience de Jacques, devenu salarié de la SCEA de Poumayret (qui a remplacé l’EARL).
«Nous communiquons beaucoup, peut-être plus que dans un cadre familial où il peut y avoir des non-dits», soulève Mikaël, conscient qu’il a fait un sacré chemin depuis 10 ans. Preuve en est, Jacques ne souhaite pas encore partir à la retraite, en dépit des nombreux conseils reçus de son entourage. «Il fait comme il en a envie», résume Mikaël, qui vient d’avoir 37 ans.
Jacques lui a cédé néanmoins sa place de trésorier de la cuma. Le jeune agriculteur souhaitait «s’investir dans cette structure à laquelle notre exploitation paie la plus grosse facture de 45.000€, pour 90% de notre matériel. Un vrai plus pour un jeune agriculteur pour limiter l’endettement. Surtout dans un contexte où le coût du matériel ne cesse d’augmenter et le contexte agricole reste incertain.»
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