Rencontre avec Cécile Gazo, docteur en sociologie. Elle revient sur une thèse traitant de l’installation dans l’agriculture en cuma. Un projet qu’elle a soutenu.
Avec la multiplication des acteurs et la régionalisation des politiques de soutien, existe-t-il encore un schéma classique de l’installation ?
Aujourd’hui, nous ne sommes plus du tout dans un schéma classique avec des profils assez homogènes de personnes issues généralement du milieu agricole et qui vont reprendre une exploitation, souvent familiale.
Dorénavant, les profils sont très divers, avec des porteurs de projet qui peuvent venir ou non du monde agricole. Ils peuvent aussi être dans un processus de reconversion professionnelle. Et pour cette dernière catégorie, les candidats ont des besoins différents. Notamment sur la question de la formation et de l’acquisition d’expériences.
À noter également que ces nouveaux profils font preuve d’une appétence pour les questions écologiques et agroécologiques, sur laquelle souhaitent s’appuyer certains acteurs pour transformer les modèles agricoles.

Cécile Gazo, docteur en sociologie, a partagé les conclusions de sa thèse, éclairant les enjeux actuels de l’installation en agriculture.
Quelles sont alors les grandes tendances de l’installation et avec quels profils de candidats ?
La première tendance dont il faut bien avoir conscience, et que chaque recensement agricole confirme, c’est la baisse de la démographie. Des années 50 aux années 90, cette baisse du nombre d’exploitations était même encouragée par les politiques publiques.
Depuis 1995, on assiste à un changement d’orientation sans que l’on soit en mesure d’endiguer la diminution des installations et le nombre d’actifs agricoles non salariés.
En parallèle, l’agriculture connaît une chute du nombre de repreneurs issus du milieu agricole et qui ont suivi des cursus classiques, à savoir une formation initiale en agriculture. Dans le même temps, la hausse du nombre de reconversions professionnelles vers le monde agricole est engagée.
Cette évolution peut-elle contribuer à expliquer les difficultés de renouvellement des générations plus marquées dans certaines filières ?
En tout cas, le constat que l’on peut faire, c’est que certaines filières de production, à l’image des bovins lait, ont de grosses difficultés à renouveler leurs générations. Et plus globalement, on peut élargir à toutes les filières en circuit long.
L’accent est beaucoup mis sur la question de la valeur ajoutée sur les exploitations, ce qui amène à s’interroger sur la transformation et la vente directe. Qui sont des choix qui ne sont pas toujours compatibles avec les filières longues telles qu’elles sont construites.
Dans ce contexte, quel rôle peut jouer le réseau cuma dans le parcours à l’installation ?
Au même titre que les autres acteurs, les cuma ont besoin du renouvellement des générations pour assurer leur pérennité. Sans un tissu d’agriculteurs assez dense, c’est le système des cuma qui serait remis en question. À mon sens, les atouts du réseau, ce sont sa connaissance du terrain et son maillage territorial.
L’avantage des cuma, c’est de pouvoir se positionner comme un trait d’union entre toutes les organisations. C’est pour cette raison qu’il serait intéressant que les cuma invitent à des moments de réflexion, tous les acteurs historiques de l’installation. Même si évidemment tous ont des visions différentes, tout le monde a intérêt aujourd’hui à trouver des points communs pour relever le défi. Et justement, je pense que le réseau cuma incarne bien cette idée de pouvoir dépasser ses différences.
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