Pionnière de la méthanisation, la Coop cuma de St Quentin en Gironde, avait toute la légitimité pour témoigner le 31 août dernier, de la force d’un collectif solidement ancré sur un territoire. Ce groupe uni a pris en effet le risque d’innover. Gilles Tremouille, son Président avance quelques chiffres concrets qui montrent que les trois exploitations associées depuis dix ans au sein de l’unité de méthanisation ont eu raison de porter ce projet ambitieux. «Avec notre unité d’une puissance de 160 kWélec, nous incorporons 8.200 tonnes de matières dont 85% d’effluents d’élevage. On parvient à chauffer six maisons ainsi que l’eau de nourrissage des 1.200 places de veaux de boucherie». Cerise sur le gâteau: dans ce coin hautement touristique, le digestat ne chagrine aucune narine des milliers de touristes de passage.
Anticiper le futur avec l’innovation en cuma
Pour préparer cette journée, Sébastien Reynier, le Président de la frcuma de Nouvelle Aquitaine et toute son équipe, ont pris appui sur différents groupes tournés vers le le futur. Les organisateurs ont sollicité une vingtaine de cuma pour qu’elles témoignent dans plusieurs champs:
- circuits courts avec la trituration d’huile de tournesol et de colza (Landes),
- lutte conte les aléas climatiques avec l’achat mutualisé de tours antigel (Charentes),
- groupement d’intérêt économique et environnemental consacré à l’amélioration des pratiques agronomiques (Corrèze),
- retraitement des effluents viti-vinicoles (Gironde),
- protection et mise en valeur des haies bocagères (Deux-Sèvres).
Des exploitations interdépendantes et complémentaires
Les démarches présentées valorisent les complémentarités d’exploitations interdépendantes qui habitent un même territoire. Isolées, les fermes ont bien souvent une force de frappe limitée. Réunies, elles déploient une synergie suffisante pour atteindre des résultats tangibles. Que ce soit en matière de préservation de la qualité de l’eau, de construction d’outils de transformation, d’économie circulaire, etc. Cette mise en avant des dynamiques collectives fait écho aux priorités agroécologiques retenues dans la feuille de route Néoterra, écrite par le Conseil Régional.
Une cuma de solutions et de l’innovation
En second lieu, les responsables de cuma présents le 31 août ont cogité l’après-midi sur les façons de démultiplier ces expériences concluantes. Au côté de la frcuma, la fncuma a animé ce brainstorming en mode participatif. Par petits groupes, chacun était invité à plancher sur quelques questions-clés. Comment les fédérations de cuma peuvent accompagner les démarches communes enclenchées par les agriculteurs novateurs? Quels freins faut-il lever? Quelles incitations prévoir?
La rencontre «test» du 31 août en Nouvelle Aquitaine initiée par le réseau cuma est un bon moyen d’identifier des éléments de réponse. Ce format de journée devrait d’ailleurs se tenir dans d’autres régions. Cet exercice consultatif va nourrir la réflexion des fédérations de cuma.
Donner du sens à l’action
L’enjeu est de donner du sens à l’action de chaque fédération de proximité au regard des défis annoncés. Puis de cibler des priorités vis-à-vis de leurs interlocuteurs habituels: cuma, collectivités territoriales, partenaires institutionnels et professionnels.
La fédération nationale compte aussi sur ces échanges, riches d’idées neuves et d’arguments solides. Ils serviront à étayer son projet politique. Cela servira aussi à formuler des propositions fortes à l’aube des prochaines échéances électorales, selon Christophe Perraud, secrétaire général de la fncuma. C’est d’autant plus utile que la transformation du modèle agricole occupera probablement une place centrale dans le débat public.
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