S’il fallait définir le nouveau concept de l’agriculture régénératrice il faudrait faire consensus entre différentes approches de l’agroécologie. « L’agriculture se définie aujourd’hui par deux concepts antagonistes », explique Michel Duru, directeur des recherches à l’Inrae, lors d’une conférence à ce sujet le 7 novembre au Sima.
Couverture des sols
« L’un se base sur une agriculture qui impacte l’environnement et qui utilise les ressources naturelles. L’autre, considère l’agriculture comme un service rendu. La première vision, plus conventionnelle, tend à réduire son impact sur son environnement. Tandis que la deuxième, elle, ambitionne de rendre davantage de services. »
Pour faire consensus autour d’une intention d’agroécologie, le concept d’agriculture régénératrice a fait son apparition depuis quelques années, portée principalement par les gros groupes de l’industrie agroalimentaire européens et internationaux.
Elle a pour objectif de regénérer les sols, l’eau et le climat. Cela passe par différentes techniques. Comme l’allongement des rotations, la couverture des sols ou encore la diminution du travail du sol.
Le but étant d’avoir un sol en bonne santé pour compenser le carbone émis et apporter de la matière organique.
« La réparation de ce bien commun commence par les sols qui impactera positivement ensuite la biodiversité, la qualité de l’eau et donc des aliments, poursuit Michel Duru. C’est un vrai changement de paradigme où l’agriculteur nourri ses plantes grâces aux alliés du sol. »
Engagement financier
Mais se lancer dans la démarche demande aux agriculteurs de prendre des risques et de revoir leurs pratiques sur un temps très long.
« Il faut d’abord que les agriculteurs acquièrent de nouvelles compétences, alerte Sébastien Roumegous, président de biosphère. Qu’ils les prennent en main, Ce sont de nouvelles manières de travailler. Cela demande d’être entouré. Dans le but de définir les axes prioritaires et moins coûteux. »
Par ailleurs, le concept d’agriculture régénératrice doit poursuivre sa définition. Pour le moment, il a été pris en main par les coopératives, négoces et industries agroalimentaires.
« Pour s’en emparer un consortium d’une dizaine d’usines agroalimentaires ont défini des indicateurs qui seront suivi le long de la transition et de l’engagement, explique Mickaël Pourcelot, manager chez Agrosolutions. Ces derniers portent sur la fertilisation, les pesticides ou encore la qualité de l’eau. »
Ici, c’est bien toute la filière jusqu’au consommateur qui agit pour la planète. L’agriculteur n’est plus le seul gardien de son écosystème. Toutefois, les intervenants s’accordent pour dire que s’il y a un engagement financier de la part de toutes les filières, le changement peut aller très vite.
Initiatives agroécologiques : réapproprier le territoire
Pour cela, il s’agit de convertir la plupart des agriculteurs et opérer à un changement d’échelle sur ce concept. Il ne faut plus se limiter aux agriculteurs pionniers.
« Pour embarquer le plus grand nombre et que ce ne reste pas qu’un concept nébuleux, il faut proposer des contrats accompagnés de financements sur toute la filière, annonce Michel Duru. Mais, il faut aussi souligner que c’est une chance pour les agriculteurs de donner encore plus de sens à leur travail et l’occasion de se réapproprier son territoire. »
À suivre sur le Sima :
Top 3 des actualités « Récolte » du SIMA 2022
Robots au SIMA: ils vont vous étonner!
SIMA 2022 : nouveautés et temps forts du Salon International du Machinisme Agricole