Dès 2015 les imprimantes 3D étaient au salon de l’agriculture à Paris, comme celle d’eMotion Tech, société spécialisée dans la conception de pièces d’imprimantes 3D, elles-mêmes fabriquées par des imprimantes 3D. Vous suivez ?
Présents sur le stand de Passion Céréales, les modèles d’eMotion Tech étaient alimentés par les bioplastiques de Vegeplast, fabriqués à partir d’amidon de blé et donc biodégradables.
Reportage de France 3 disponible dans son intégralité ici.
De son côté, l’entreprise 3DTech évoquait cette année-là à Tech’Elevage les possibilités telles que la création d’«attelles sur-mesure pour les animaux en complément de l’utilisation d’un scanner 3D afin de numériser les membres de l’animal». Le gérant de cette société, Alain Guérin, parlait aussi d’imprimer des pièces pour engins agricoles, pour du prototypage ou de la réparation ici.
De la science-fiction ?
En fait, c’est déjà une réalité aux Etats-Unis, comme l’évoque Laurie Berdord, du magazine américain agriculture.com : «Avec l’arrivée de matériaux plus solides, de meilleurs logiciels de création et des prix plus attractifs pour le matériel, l’impression 3D est devenue beaucoup plus accessible», détaille-t-elle dans un reportage complet sur le sujet.
Des avancées dont bénéficient les constructeurs de matériels pour du prototypage à moindre coût. Ces derniers surveillent d’ailleurs les technologies d’impression 3D comme le lait sur le feu… Elle cite le cas du constructeur de becs cueilleurs DragoTec, qui a établi un partenariat de prototypage et production avec l’entreprise GVL Poly. GVL Poly, entreprise de fabrication de composés plastiques basée dans le Minnesota, imprime en 3D de nombreuses pièces destinées au marché agricole, des poignées de cabines aux capuchons pour becs cueilleurs.
Innovation et créativité
Les améliorations se font aujourd’hui à la marge pour les machines de récolte, décrypte Tom Shafer, de Dragotec USA. Mais les quelques pour cent ramenés par les pièces conçues et produites via les imprimantes font la différence selon lui : «Nous voyons arriver le jour où les agriculteurs bénéficieront du fait que nous pourrons nous adapter exactement aux conditions auxquelles ils font face» avec ce type de pièces.
Outre la réduction des coûts et des délais pour les constructeurs, l’impression 3D ouvre aussi des possibilités directes aux agriculteurs, précise la journaliste. Steve Mast, agriculteur et concepteur de matériel, y voit la possibilité de faire accéder ses innovations au marché plus rapidement et à moindre coût : la créativité n’est plus plombée par les coûts de développement, analyse-t-il.
Des pièces en métal : pour bientôt?
La société Moss, qui met ses imprimantes 3D à disposition d’entreprises, a pour sa part déjà imprimé des objets à la demande d’agriculteurs. Elle travaille plus fréquemment avec de petits industriels, des architectes. «Dans le secteur agricole, il serait intéressant de pouvoir faire des pièces sur demande», note Grant Thies, de cette société.
Il ajoute que «les pièces en métal chez les revendeurs sont extrêmement chères aujourd’hui. Mais la technologie évolue vite et les coûts fondent. Je crois que nous verrons bientôt des machines (des imprimantes, ndlr) destinées à fabriquer des pièces en métal. Une moiss’batt’ qui casse par exemple… je pense que les agriculteurs vont pouvoir ouvrir la machine, créer la pièce en cause et réparer. Encore quelques années avant que ça se matérialise, mais je le vois arriver».
Rendez-vous dans 10 ans
Une vision que partage Allan Cronen, de GVL Poly. «Nous pensons qu’il faudra au moins encore 10 ans avant de voir les agriculteurs se munir d’imprimantes 3D dans les ateliers et fabriquer leurs propres pièces», prévoit-il, en soulignant l’accélération récente des technologies dues à engouement de la part des investisseurs. «D’ici 5 à 10 ans, les matériaux disponibles devraient être les mêmes que dans l’industrie.»
L’avenir des imprimantes 3D se précise donc dans le secteur agricole, même si quelques questions restent en suspens : quelles formations pour que les agriculteurs maîtrisent ces technologies ? On imagine que s’affronteront aussi deux philosophies concernant les pièces : le libre accès (« open source ») contre les plans «de marque». Et un aspect important : quid des responsabilités en cas de casse ?
Mais c’est sûr : les imprimantes pourront faire l’objet d’achats en commun assez rapidement. Prévenez-nous le jour de la naissance de la « cuma 3D ».