Au nord de Lille, la cuma de la Verte Vallée a démarré en 1985 avec neuf personnes autour d’une presse à balle ronde. Aujourd’hui, elle propose à ses 23 exploitations adhérentes une large palette d’outils. ceux-ci vont des petits matériels pour l’élevage bovin (type tondeuse) à la moissonneuse-batteuse, en passant par la tonne à lisier, le télescopique, les presses, etc.
Dernière nouveauté en date: la traction partagée avec l’arrivée de deux tracteurs en 2020. L’un est spécifiquement destiné au binage (autre nouveauté 2020). La cuma de la Verte Vallée a participé aux Rencontres hivernales 2021 organisées par la frcuma des Hauts-de-France. Elle a alors eu l’occasion d’échanger avec d’autres groupes sur une problématique d’actualité au niveau national: l’implication des adhérents.
«Nous avons la chance d’avoir ici un contexte plutôt favorable», explique Julien Behaegel, président de la cuma de la Verte-Vallée depuis six mois. «En effet, nous sommes un petit groupe et 10 km séparent les adhérents les plus éloignés. »
« Bien sûr nous avons quelques adhérents utilisateurs qu’on ne voit jamais aux réunions. Mais il nous est moins difficile de mobiliser les adhérents que dans certaines cuma qui comptent 50, voire 70 adhérents et qui rayonnent sur plusieurs dizaines de kilomètres.»
Renforcer les décisions, tout en impliquant les adhérents
Aujourd’hui, la cuma de la Verte-Vallée n’a pas de bâtiment. Ses matériels sont directement stockés chez les adhérents. Parmi eux, les responsables de matériels doivent s’assurer de l’état des outils, de leur entretien et de remonter leur compte rendu au trésorier. Cela responsabilise donc ces adhérents. C’est aussi un bon levier pour stimuler leur implication.
«L’implication des adhérents est importante pour faire tourner une cuma. Elle permet d’avoir plus de discussions ensembles et d’avancer plus loin.»
C’est le fondement de la stratégie de la cuma de la Verte-Vallée pour impliquer ses adhérents. «Nous avons fait le choix de ne pas prendre les décisions d’achat de matériels en conseil d’administration (9 personnes). Ces décisions se prennent ensemble, c’est le groupe qui doit décider», insiste Julien Behaegel.
L’intérêt est double: renforcer la crédibilité des décisions tout en impliquant un maximum d’adhérents. Environ 70% des adhérents ont la responsabilité d’au moins unmatériel.
«Il faut laisser une partie du choix aux adhérents»
Ainsi, d’une part, une grande partie des adhérents viennent à l’assemblée générale en juin, «et on y prend beaucoup de décisions tous ensemble». Et d’autre part, «les adhérents responsables d’un matériel sont ‘obligés’ de participer. Ne serait-ce que pour présenter aux autres les éléments qu’ils ont préparés. Tous les adhérents sont invités à venir participer à la décision. Après, ils viennent ou ils ne viennent pas. Mais dans les deux cas, ils ne peuvent pas remettre en cause la décision.»
Seule la tarification des outils reste décidée par le conseil d’administration. Ainsi, en cas de renouvellement, le responsable matériel présente à tous les deux ou trois devis qu’il a fait établir. La décision est ensuite soumise au vote (marque, modèle, caractéristiques importantes). En complément, Julien Behaegel précise que le conseil d’administration peut, si besoin, aider en amont de l’assemblée générale à dégrossir les devis. C’est notamment le cas au lancement d’une nouvelle activité, comme le binage.
En conclusion, «la cuma de la Verte Vallée c’est la disponibilité du matériel, le relationnel et la prise de décision ensemble.»