La cuma des Hirondelles existe depuis 1989. «Nous étions de petites exploitations, nous ne gagnions pas beaucoup d’argent», raconte Jean-Michel Régnier, le président. Cinq exploitations ont alors fait le pari de la cuma intégrale. «Nous sommes passés de 17 tracteurs, à 5, puis 4, puis 3…», poursuit-il. Grâce à la cuma, ce dernier a développé son exploitation avec un atelier de volailles. Il précise : «Comme je bénéficiais de matériel plus performant, j’ai gagné du temps que j’ai consacré à l’élevage. La revente de mon matériel individuel a aussi autofinancé une partie du bâtiment.»
Mutualiser tracteurs et main-d’œuvre
Le groupe s’est ensuite agrandi en passant à sept adhérents. La cuma compte actuellement sept tracteurs, avec des puissances allant de 120 à 200ch. Elle a préféré ne pas investir dans des tracteurs trop puissants. L’intérêt : disposer d’assez d’engins pour que plusieurs chantiers tournent simultanément. «C’est important psychologiquement pour les adhérents. Personne n’aime attendre que le matériel arrive sur son exploitation», explique le président.
Les adhérents emploient aussi un salarié depuis deux ou trois ans. «Pour que les chantiers tournent, il ne faut pas manquer de main-d’œuvre. Or nous hésitons tous à embaucher individuellement une personne. Un salarié partagé coûte moins cher et il est plus facile à gérer», détaille-t-il.
Assolement en commun : deux tentatives avortées
A deux reprises, le groupe a testé l’assolement en commun. «Nos exploitations sont assez distantes les unes des autres, il peut y avoir 30km entre les sièges sociaux. L’assolement en commun ne permettait pas d’optimiser la taille des parcelles», explique-t-il. Le risque d’un contrôle administratif, avec un plan d’épandage de 1.600ha, était aussi difficile à gérer. «Nous étions soumis à beaucoup de contrôles et nous avions peur de commettre un jour une erreur», justifie-t-il. En outre, dans la cuma, les adhérents ne se retrouvaient pas dans une répartition hyper-spécialisée des tâches. «On n’y trouvait plus notre compte, alors on a arrêté», conclut-il.
Un maillage de cuma
Les membres continuent néanmoins à travailler en entraide. «Pour déterminer l’ordre de passage, ce sont les terres qui décident», raconte Jean-Michel Régnier. Les chantiers de récolte des pommes de terre et des betteraves sont aussi organisés en fonction des plannings d’usine.
«En réalité, trois cuma travaillent ensemble», corrige-t-il. En sus de la cuma intégrale, il existe aussi la cuma de Sailly Laurette, qui compte une quarantaine d’adhérents et possède, entre autres, une intégrale pour arracher les betteraves. La cuma de la Côte-d’Azur, de la même taille, offre du matériel spécialisé en pommes de terre.
Des échanges de savoir-faire
«Nous nous voyons tous les lundis. Nous organisons aussi trois réunions l’hiver et deux l’été pour discuter de la vie de la cuma», déclare-t-il. Il faut parfois trois ans de discussion avant d’investir dans une nouvelle technologie. «Nous pouvons donner la sensation de traîner», admet Jean-Michel Régnier. Néanmoins, le groupe offre la possibilité de mutualiser le risque. «Par exemple, tout le monde est venu progressivement à l’ultra bas volume, atteignant 30l/ha. Certains ont essayé et ils ont entraîné le reste du groupe.»
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