Avec une forte volatilité, deux règles s’imposent pour l’utilisation des herbicides à base de prosulfocarbe. Un dispositif d’antidérive homologué doit être utilisé, ainsi que l’absence de certaines cultures à proximité lors des traitements d’automne.
Le prosulfocarbe, substance volatile
« Ces dernières années, des dépassements de limite maximale de résidus de prosulfocarbe ont été signalés sur des cultures pour lesquelles cette substance active n’est pas autorisée », alerte Arvalis dans un communiqué. « Ces contaminations sont apparues sur des cultures voisines de parcelles désherbées avec du prosulfocarbe. » Il convient donc de respecter les mesures d’emploi.
« Leur mise en œuvre par tous les utilisateurs conditionne le maintien de cette solution de désherbage dans les années à venir », lance l’institut de recherches agronomiques.
Antidérive obligatoire pour le prosulfocarbe
« Depuis septembre 2017, la réglementation impose d’appliquer les herbicides à base de prosulfocarbe avec l’aide de matériel homologué pour limiter la dérive », explique Arvalis. L’Institut met d’ailleurs une liste à jour régulièrement. Elle est principalement composée de buses à injection d’air et de certaines rampes de pulvérisateurs à assistance d’air.
Arvalis précise, « des essais conduits montrent que ces buses n’influencent pas significativement l’efficacité du désherbage d’automne du blé tendre. » L’efficacité dépend davantage par les conditions de son application pour une répartition homogène qu’aux type de buse et volume de bouillie.
Pour rappel, les conditions d’application optimales du produit sont:
- une hygrométrie de plus de 70%;
- des températures entre 5 et 20°C;
- une absence de vent;
- un respect de la hauteur optimale de la rampe en fonction de l’angle des buses.
Cultures environnantes
L’autre point d’attention porte sur l’environnement de la parcelle. « Depuis 2018, la réglementation impose d’attendre la fin des récoltes des cultures non cibles présentes dans un rayon de 1km autour des parcelles de céréales lors des applications d’automne, explique l’institut. » Ces cultures sont principalement celles fruitières, légumières, aromatiques, médicinale et certaines à graines.
Pour s’assurer que l’application de la molécule est bien judicieuse des outils sont à la disposition des agriculteurs. Il y a par exemple le site www.desherbez-pro.com qui indique quel jour est le plus propice pour espérer pouvoir désherber. En effet, cet outil d’aide à la décision prend en compte les données météorologiques que sont le vent, l’hygrométrie et la température.
Géolocaliser les parcelles
Un autre outil existe aussi mais ne prend pas en compte les mêmes paramètres. Il s’agit de Qualicible. Cet outil permet de géolocaliser la parcelle et d’analyser son environnement. « Je l’utilise principalement pour m’assurer que ma décision de traiter est judicieuse, explique Arnaud Waffelaert, agriculteur à Brunvillers-la-Motte dans l’Oise. Dans ma rotation, les céréales reviennent tous les deux ans. J’ai consulté QualiCible principalement lors de mon installation et ce pendant deux ans. J’avoue ne pas m’y référer tous les ans. »
En utilisant Qualicible, l’agriculteur picard s’assure de l’environnement de la culture. Même si on connait souvent les parcelles des voisins, leur assolement peut varier ou la réglementation peut changer. « En cas de doute, j’utilise Qualicible. Ca me rassure, ajoute l’agriculteur. D’autant que le site est très ludique et je suis rapidement aidé dans ma décision. Cela assure en cas de dérive auprès des assurance. »
Vert, orange ou rouge
Ainsi avant d’aller traiter ou d’acheter le prosulfocarbe, l’agriculteur peut renseigner ses parcelles de céréales sur l’interface. Selon leur localisation ou les réglementations qui s’y appliquent un signalement matérialisé par un code couleur va apparaitre.
« En vert, c’est qu’il n’y a pas de risque en cas de dérive, ajoute Arnaud Waffelaert. Si au contraire, c’est rouge, il est recommandé de décaler le traitement, il en va de notre responsabilité. En orange, c’est plus délicat. Cela signifie qu’il y a certainement un risque. Dans ce cas, une série de précautions est listée. » Celles-ci concernent les buses à utiliser, les distances de sécurité à prendre en compte, les doses, etc.
Si cela semble simple à vue d’œil, cet outil s’avère encore plus utile lorsque la molécule est utilisée en mélange ou en programme de désherbage plus complet. Qu’elle que soit la marque du produit. « Ça prend cinq minute et cela permet de s’assurer de l’utilisation du prosulfocarbe. Qualicible me permet également d’ajuster les quantités à acheter et de trouver des alternatives si besoin », précise l’agriculteur.
Un professionnalisme qui permet de respecter les bonnes doses et conditions d’application. « C’est un acte responsable, assez vertueux qui permet de réduire les risques de dérives et d’impacter son voisin. Mais aussi à plus long terme, cet type d’outil nous permettra peut-être d’éviter une interdiction complète de la molécule », fait reconnaitre le Picard.
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