L’observatoire des prix vient de publier son rapport annuel sur 2021. Il confirme l’augmentation des coûts de production agricole. Un phénomène qui s’est considérablement accentué au premier semestre et qui cristallise la question du pouvoir d’achat. Tour d’horizon.
Forte augmentation des coûts de production agricole en porcs et poulets
La hausse du coût alimentaire en porcs est de 13% entre 2020 et 2021 selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. Le coût de production s’élève à 1,62€/kg en 2021, contre un prix moyen du porc à 1,50€/kg. Pas de quoi couvrir les charges comptables et les charges forfaitaires que sont les cotisations sociales, le travail de l’exploitation et la rémunération des capitaux engagés.
Des hausses des coûts de l’aliment qui frappent aussi les élevages poulets standards et labels. Là aussi, les prix entrée abattoir ne compensent pas les hausses.
+2,4 pour les naisseurs bovins-viande, +3,1 pour les naisseurs-engraisseurs
Pour ces deux productions, le prix moyen entrée abattoir augmente. Mais cela ne suffit pas à rémunérer correctement la main d’œuvre. Seulement, 0,9 SMIC/UMO dans le système naisseurs. Par comparaison, la rémunération en production ovine s’élève entre 1,4 et 1,6 SMIC/UMO en plaine.
429€/1.000l de lait
C’est le coût de production moyen du lait de vache en élevage spécialisé. Cela conduit à une rémunération de 2 SMIC/UMO en zone de plaine. C’est davantage que la rémunération moyenne observée en lait de chèvre, qui diminue de 0,1 à 0,2 SMIC par rapport à 2020.
27€/t de blé de marge nette
Le coût de production a diminué pour les céréales en 2021. Mais avant les dérapages des prix observés sur plusieurs postes de charges en 2022: phytos, engrais, GNR, matériels. Le coût de production en 2021 était évalué à 202€/t contre 205€/t en 2020.
Hausse des coûts de production agricole: quel partage de la valeur ajoutée?
L’observatoire des prix a étudié aussi la marge des GMS. Contrairement à certaines idées reçues, la marge nette dégagée pour l’ensemble des rayons alimentaires frais est modérée. Rapportée au chiffre d’affaires, elle atteint 2, 3 % avant impôts. Mais avec beaucoup de disparités. En boulangerie-pâtisserie, la marge nette moyenne est carrément négative. Elle est plus élevée pour le rayon charcuterie (5,2 % avant impôts), et le rayon fruits et légumes (4,5%). Elle est légèrement excédentaire pour le rayon des produits laitiers.
L’hypothèse d’un chèque alimentaire …
Les très fortes hausses intervenues sur les produits alimentaires début 2022 inquiètent les consommateurs (+6,2% en juin pour les produits frais selon l’Insee et +5,7% pour les autres denrées alimentaires). Les Pouvoirs publics se concentrent désormais sur la défense du pouvoirs d’achat face au redémarrage de l’inflation. Cela ne justifie pas néanmoins de revenir sur le principe des lois EGALIM, ni de cautionner certaines pratiques commerciales abusives. «Augmenter la possibilité de promotion de 34% à 50% n’est en aucun cas la solution. Elle revient à laisser penser que la moitié de la production agricole et agroalimentaire française ne vaut rien!» avertit ainsi Dominique Chargé, Président de la Coopération Agricole qui préfère une autre réponse: «le chèque alimentaire, qui pourra bénéficier à ceux qui en ont besoin en priorité».
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