L’agriculteur a acheté un tracteur toutes options: GPS, relevage avant, presque siège chauffant… pour 60000€, sur internet. La belle affaire! Sur la scène, il explique à son voisin que l’engin n’est jamais arrivé. La saynète plante le décor et lance Boris Moal, animateur de la fédération des cuma du Finistère: «en tant qu’agriculteur, vous êtes reconnus comme professionnel quand vous achetez un tracteur.» Cette qualité empêche l’acheteur de prétendre à un délai de rétractation (sauf en cas d’achat sur internet où le délai est de 14 jours). Aussi, l’animateur conseille d’être clair dans sa demande.
Clair et précis dès la commande
«Le bon de commande est un contrat. Quand il est signé, c’est figé. Donc n’hésitez pas à entrer dans les détails. Il vaut mieux décrire le matériel dont vous avez besoin, les prestations annexes… que d’inscrire des numéros de série.» En tant que professionnel, «vous n’êtes pas couverts en cas de conditions générales de vente abusives. Vous devez bien lire et comprendre tout le contrat», jusque dans ces petites lignes de CGV, de plus en plus longues.
Le bon de commande est déterminant pour la suite. Mais cette première étape n’est pas la seule. Le témoignage d’une cuma du département insiste sur l’importance de la mise en route: avant de démarrer une arracheuse d’oignons livrée plusieurs mois plus tôt, le responsable à fait venir une personne du concessionnaire, un peu par hasard. Bien lui en a pris. La machine a rendu l’âme le lendemain.
Vigilance
Le président de la cuma poursuit : après une réparation de fortune pour terminer la saison, «elle est actuellement entre les mains du concessionnaire. Il y en a pour de l’argent et il est hors de question qu’on paye, vu que nous avons appelé quelqu’un pour la mise en route.» Un «coup de chance» qui a valeur d’enseignement pour le responsable qui conclut : «nous penserons toujours à faire une mise en route à l’avenir.» L’animateur complète: «maintenant, les responsables demandent à tous les adhérents de participer à la mise en route», une bonne chose pour manœuvrer à bon escient un matériel toujours plus complexe et onéreux.
Avec l’expérience de cette autre cuma qui a tenté un achat d’occasion via internet et qui a réussi à se faire reprendre le matériel défectueux après intervention du service juridique du réseau, ou de cette autre qui a vécu un litige interminable à propos d’un matériel de transport: la présentation met en avant l’intérêt qu’ont les cuma à entretenir des bonnes relations avec leur environnement proche.
«En cas de litige, il faut toujours commencer par un appel, expliquer oralement le problème», résume Boris Moal. L’envoi d’un recommandé permettant de poser une date peut ensuite s’avérer nécessaire, «en évitant surtout les courriers assassins. Il est primordial de garder des bonnes relations», d’autant qu’avant une éventuelle résolution juridique, la solution peut être trouvée plus rapidement à l’amiable.
La clarté dès la demande pour les réparations aussi
Les conseils présentés devant l’assemblée valent également pour les réparations: «Il faut être clair sur ce qu’on veut», dès la rédaction de l’ordre de réparation ou du devis. Ce document «doit présenter la nature des opérations, un délai de travaux, ou encore le relevé des compteurs», liste l’animateur. Á savoir: le réparateur a obligation de conseils, d’informations, de résultat et de garde (il est responsable du matériel pendant la réparation). Il a le droit de rétention, donc «si vous n’êtes pas d’accord, il faut quand même régler en premier pour ensuite se retourner.»
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