Faute de main-d’œuvre disponible, l’association de remplacement du canton de Châteaubourg a été dissoute. Trois agriculteurs, adhérents de la cuma Les Epis, ont cherché une autre solution pour pallier le besoin, qui, lui, était toujours là. Une question se posait: comment sécuriser ce recrutement? «L’Anefa et la fédération des cuma nous ont alors informé que la cuma pouvait apporter la solution, sans avoir à créer une structure supplémentaire», expliquent les intéressés. «Nous enregistrions une diminution du nombre d’adhérents et de l’activité globalement. Cette nouvelle idée était une opportunité» pour dynamiser et consolider l’ensemble du groupe. Ainsi, la cuma Les Epis a choisi de développer une activité de groupement d’employeurs en début d’année 2019. Et ainsi, le 1er septembre, elle a embauché Marie pour intervenir chez les trois éleveurs.
Sérénité à la cuma
Ce recrutement doit beaucoup au bouche à oreille. Et puis «chacun d’entre nous l’avait embauchée en emploi saisonnier pendant 3 mois», avant de concrétiser définitivement le projet au niveau de la cuma. Cette période a été, en fait, un moyen de tester l’organisation et «de mieux quantifier les besoins de travail de nos entreprises».
La semaine standard de Marie se décompose en deux journées d’intervention chez Antoine, deux autres chez Nicolas. «Le vendredi est une journée d’ajustement», pour les besoins complémentaires de l’élevage de Robert. Ce dernier sollicitera surtout la jeune salariée de cuma pour affronter la période des agnelages. «Nous faisons le point entre nous et nous nous arrangeons pour le travail éventuel du samedi.»
En termes de risque et d’avenir, une relative sérénité règne à la cuma. «Nous avons versé des parts sociales pour cette activité emploi et nous sommes engagés chacun sur des volumes d’heures pour assumer financièrement le poste de Marie», expliquent les représentants. «Nous nous connaissions bien et le projet était bien clair dès le départ.»
Pérenniser la main-d’œuvre
Le groupement d’employeurs souligne que leurs relations de travail et de voisinage déjà établies ont été un facteur favorable à la réussite de ce projet qui ne leur ouvre pas seulement la perspective de se libérer du temps de week-end et de vacances. «Cet emploi partagé est bien un moyen pérenne de mutualiser de la main-d’œuvre toute la semaine.» Avec leur expérience, Robert, Nicolas et Antoine jugent que partager de la main-d’œuvre en cuma peut être un levier déterminant pour que ces collectifs répondent encore aux besoins des agriculteurs dans les années à venir.
Passionnée d’élevage
Marie, 24 ans, est titulaire d’un Bac Pro Gestion des milieux naturels et de la faune sauvage. Elle est salariée de la cuma depuis septembre. Elle témoigne. «Depuis l’enfance, les animaux me passionnent. Dès l’âge de 8 ans, je participais à la traite chez notre voisin. En plus de mon Bac Pro, j’ai suivi une formation d’assistance vétérinaire. Je me suis rendue compte très vite que les exploitations étaient en grand manque de main-d’œuvre. A une annonce «débutant accepté», j’ai répondu tout de suite. C’est comme cela que j’ai mis le pied à l’étrier avec six mois de première expérience dans une exploitation. Ensuite, par le bouche à oreille, Antoine, Robert et Nicolas m’ont embauchée en Tesa.
Ma motivation pour m’occuper des animaux, mon envie d’apprendre ont été déterminants pour gagner la confiance des agriculteurs. Sans formation agricole, la conduite des tracteurs, je ne connaissais pas non plus. Et je le reconnais, ce n’est pas évident au départ, mais c’est en faisant qu’on apprend.»
Propos recueillis par Christophe Nicaud.
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