Ceux qui pensent que « structures en agrandissement » rime avec « s’équiper individuellement » en seront pour leurs frais. Un groupe de cuma de Loire-Atlantique s’est créé il y a deux ans. Il vit avec sept tracteurs. Sept tracteurs en cuma qui ont remplacé sept tracteurs individuels. Sept tracteurs pour quatre gaec qui cultivent un millier d’hectares. En 2015, la cuma du Don (Guéméné-Penfao) a vu ce groupe se former avec deux exploitations. Dans le même temps, quatre premiers tracteurs neufs arrivaient dans le parc collectif, en remplacement de deux fois deux anciens tracteurs individuels. En 2016, deux autres gaec s’engagent, et 6 tracteurs tournent chacun 900 heures. 2017 démarre avec un septième tracteur pour éviter d’utiliser au nom du groupe un tracteur d’adhérent (500 heures l’an dernier).
Tracteurs de cuma utilisés à 80% par les adhérents
C’est une originalité d’avoir des tracteurs pour que les adhérents les utilisent eux-mêmes. Les six salariés qui travaillent pour les cuma de la commune1 sont déjà débordés. Vu la taille des structures, «nous ne pouvons pas déléguer tous nos travaux», complètent deux représentants, Bruno Épiard, le président de la cuma, et Frédéric Daniel, le responsable du groupe. Néanmoins, les salariés qui interviennent à la cuma ont l’occasion de les utiliser. A sa création, le groupe s’est engagé à partager son parc pour de la fauche, du pressage et du semis plastique. 700 heures au total.
20 €/h
Les deux éleveurs constatent aussi que leurs 7 engins collectifs de 145 à 250 ch sont moteurs pour des projets des cuma. Le groupe a par exemple été favorable à l’investissement dans du matériel de fauche: «On est maintenant en 9 m», pour une prestation complète à 25€/ha, alors que le parc de l’union des cuma de Guéméné seul n’aurait pas été suffisant pour assurer sereinement la saison printanière.
Bientôt des chiffres pour répondre aux questions
Entre l’amélioration du pouvoir de négociation avec le concessionnaire, les avantages fiscaux et assurantiels…, ce qui motive au premier chef les quatre fermes à tenter l’acquisition de chevaux collectifs, c’est l’espoir d’un gain économique. L’heure pour l’une des 7 machines revient à environ 20€ à l’adhérent (hors fioul). C’est le même tarif pour les 7 véhicules. «Cela nous coûtait au moins 10 € de plus en individuel», juge Frédéric Daniel, qui attend encore pour poser un premier bilan de son opération, à partir des chiffres de son premier exercice complet. «On nous pose des questions.»
Précision et gain de temps
Leur seconde motivation était d’accéder à de meilleurs équipements: Isobus pour tous, autoguidage, dont 4 RTK, des prises de force à l’avant, du jumelage et de la basse pression. «Nous avons la volonté de développer l’agriculture de précision et nous n’aurions pas pu investir seuls dans toutes ces technologies», expliquent-ils. «Nous gagnons aussi du temps» Les quatre adhérents utilisent le même matériel. Se partager désormais le tracteur qui le porte leur permet de ne plus avoir à décrocher l’outil à chaque changement d’exploitation. Il ne leur reste que le plein de carburant à faire pour l’utilisateur suivant.
« Pour que ça fonctionne, c’est surtout l’entente qui joue. Il faut que les objectifs et les priorités convergent », analyse le président. Cela explique que la cuma du Don soit notamment constituée de plusieurs groupes de traction indépendants. Bien entendu, l’objectif fondateur d’un prix maintenu bas face à une qualité de service en progrès doit aussi être atteint. «Cela se base aussi sur un engagement» et un certain sentiment de responsabilisation donné à chacun des adhérents. Par exemple, ces derniers sont responsables de l’entretien des tracteurs. Avec un renouvellement tous les trois ans par un neuf, le groupe se protège d’avoir de gros pépins mécaniques à assurer.
Droit d’entrée et engagement
Pour entrer dans le groupe, la mise initiale a été de l’ordre de 20 000 €. «Cet apport rassure les banques et il équivaut à la plus-value faite en revendant nos tracteurs individuels», explique Frédéric Daniel. L’engagement demandé aux membres est de 1400 heures (sauf l’un des gaec, avec une surface moindre, engagé pour 700 heures). Ce volume est dû quoiqu’il arrive. Utiliser les tracteurs du groupe au-delà est possible. «L’objectif est que l’on paye moitié moins cher ces heures supplémentaires», explique encore le responsable du groupe. Pour le moment, la règle n’a pas eu l’occasion d’être appliquée.
1 La cuma forme, avec quatre autres cuma (de la commune), l’union des cuma de Guéméné. Cette union est l’employeur des 6 salariés.