La cuma de Bouloire (Sarthe) possédait déjà deux tracteurs pour les gros travaux, utilisés essentiellement au sein d’un groupe de six représentants de la «nouvelle génération». Ces jeunes adhérents ont voulu aller plus loin dans la mécanisation en commun. Ils viennent d’investir dans cinq tracteurs de 90 à 140 ch, en neuf et occasion. L’idée: bâtir un pool de tracteurs qui serviront autant aux travaux quotidiens de chacun qu’à ceux réalisés avec les matériels de la cuma.
Rajeunissement
Cette génération est arrivée en 2009, dans une cuma «en sommeil» qui comptait 25-30 adhérents. Anthony Herrault, le nouveau président, raconte: «L’ensilage est resté l’activité centrale. Mais nous avons élargi le parc de matériels: travail du sol, transport, épandage. Avec quelques collègues, on se connaissait depuis l’école. Nous avons voulu lancer le gros tracteur en cuma, notamment pour le travail du sol, et l’ensilage». Prudents, ils ont acheté un tracteur d’occasion, récent, qui a fait 600h au lieu des 400 prévus. Puis un deuxième, et ça a marché. «Avec la cuma voisine qui possède aussi des tracteurs, nous pouvons en mobiliser trois ou quatre pour les gros chantiers comme l’implantation du maïs».
Des tracteurs avec fourche
En parallèle, le groupe central s’est formé sur les charges de mécanisation. Certains sont allés visiter une cuma intégrale dans la Somme. La volonté de mieux organiser le travail tout en maîtrisant les coûts s’est développée. Est arrivée alors la seconde étape. «Nos tracteurs de cour de ferme étaient en bout de course. Sur les six, nous sommes cinq à avoir besoin au quotidien d’un tracteur avec fourche pour remplir le bol mélangeur. Nous avons eu l’idée d’investir ensemble». Ces tracteurs servent en effet à des chantiers faisant appel à du matériel de cuma, en co-propriété ou en entraide. L’idée est de les rendre interchangeables pour ces tâches et de gagner ainsi sur les temps d’attelage. «Si on veut un prix de revient compétitif, il faut qu’ils tournent, et nous avons envie de travailler ensemble». Les six collègues ont entre 28 et 40 ans, mais certains sont en gaec familial. «Il a fallu convaincre les parents !»
S’organiser
Le prévisionnel réalisé donne 700 à 800 h de travail pour chacun des cinq nouveaux tracteurs. Prix de revient estimé: entre 8,70 €/h pour le plus petit de 95 ch, et 15,50 €/h pour le plus gros de 145 ch, hors carburant (fourni par l’utilisateur). Pour cet achat hors normes, les membres du groupe ont réalisé un cahier des charges détaillé. «Nous l’avons soumis à plusieurs concessionnaires. Autant plusieurs ont joué le jeu, autant certains étaient complètement ‘largués’, pas habitués à ce genre de démarche». Ils ont finalement opté pour trois engins neufs et deux en occasion récente, de la même marque y compris pour les chargeurs. Et pour s’organiser, ils ont choisi l’application gratuite WhatsApp (WhatsApp, une aide technologique), qui permet d’envoyer des SMS à tous pour demander un tracteur et se tenir au courant de l’avancement des travaux.