Il va falloir avoir une stratégie pour limiter les transports, on va essayer de signer un contrat avec le Cifog (interprofession du foie gras, NDLR) pour revisiter le modèle de production », a déclaré le ministre à la presse pour la première fois depuis l’éclatement de la crise de grippe aviaire fin novembre en France.
La France recense 231 exploitations, situées dans neuf départements, touchées par le virus H5N8 depuis novembre. La précédente épizootie de grippe aviaire, un an plus tôt, s’était soldée par un vide sanitaire de plusieurs semaines et des pertes importantes pour la filière. « Si on applique des règles (de biocontrôle, NDLR) avec un modèle de production inchangé, cela ne servira à rien » a déclaré le ministre, soulignant que « la multiplicité de transport est un vecteur viral aussi ».
Derrière ces mots, semble clairement mise en cause la segmentation de la production dans le sud-ouest en matière d’élevage de canards et de production de foie gras. Les animaux passent en effet d’une exploitation hyper spécialisée à l’autre: des fermes de reproduction aux couvoirs, puis aux élevages de poussins, aux élevages en parcours extérieur, aux éleveurs-gaveurs, pour finir par les abattoirs et la transformation.
Chaque opération se fait sur des sites différents, obligeant à transporter des milliers d’animaux à chaque étape, parfois d’un département à l’autre.
Abattages préventifs
Le ministre n’a pas voulu faire de commentaire sur l’ouverture récente d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris qui cherche à comprendre comment le virus H5N8 s’est transmis comme une trainée de poudre fin 2016 dans les élevages du sud-ouest de la France. « Des choses qui se sont passées n’auraient pas dû se passer », a-t-il cependant dit.
L’enquête, ouverte pour « tromperie aggravée par le danger sur la santé animale », doit permettre de démontrer si fin 2016 des lots de volatiles ont pu être envoyés à des éleveurs du Gers, du Lot-et-Garonne et des Hautes-Pyrénées tout en sachant qu’ils pouvaient être contaminés. Pour lutter contre l’épizootie, le gouvernement a déclenché début janvier des abattages préventifs dans des élevages non touchés par le virus, qui ont débouché sur au moins deux millions de canards tués à ce jour.
« Il n’y a pas d’autre moyen que d’éradiquer les foyers, et on est obligé d’éradiquer le virus avec des abattages. Si j’avais d’autres solutions, on les aurait mises en places rapidement », a insisté le ministre. Il a fait remarquer que « lors de cet abattage préventif on a trouvé des animaux malades », justifiant ainsi la nécessité de ce processus. Le président PS du Conseil départemental des Landes, Henri Emmanuelli, a pour sa part suggéré lundi matin la mise en place d’un nouveau vide sanitaire pour faire face à l’épizootie, afin de pouvoir fixer une date de reprise de la production.
« Au point où nous en sommes arrivés, il vaudrait mieux tout abattre qu’on sache à quelle date on pourrait reprendre la production » dans les élevages de palmipèdes, a affirmé M. Emmanuelli. La Confédération paysanne réclame au contraire de « limiter les abattages préventifs à 1 km autour des foyers » et surtout d’« en exclure les élevages autarciques ». Le syndicat classé à gauche remet en cause depuis longtemps « l’industrialisation de la production » qui « provoque et amplifie les crises sanitaires » et plaide pour des élevages « autarciques », où tout est fait au même endroit, permettant d’endiguer plus facilement la propagation des virus.
Paris, 13 fév 2017 (AFP).