La France a perdu le statut de zone indemne de la grippe aviaire à la suite d’une épizootie fin 2015 et espère le récupérer en fin de semaine. Ce premier cas de grippe aviaire « hautement pathogène » H5N8 en France a été confirmé samedi parmi 20 canards en liberté dans la commune de Marck, entre Calais et Dunkerque, a annoncé lundi le ministère de l’Agriculture. Les canards en question étaient « utilisés comme appelants pour la chasse au gibier d’eau », c’est-à-dire d’animaux vivants servant d’appâts pour les chasseurs et qui ne faisaient pas partie d’un élevage d’oiseaux domestiques à vocation commerciale. Pour autant, cette chasse va pouvoir se poursuivre, a indiqué la fédération nationale des chasseurs. « La chasse ne sera pas interdite, parce qu’il est primordial, aujourd’hui que nous puissions continuer à observer cette nature et voir s’il y a une propagation à travers la France », a dit à l’AFP Willy Schraen, président des fédérations départementale et nationale de la chasse. Le fait de trouver un cas sur un canard sauvage plutôt que dans un élevage « est moins inquiétant du point de vue des conséquences car ce qu’on cherche à protéger ce sont les élevages », a pour sa part déclaré à l’AFP Loïc Evain, directeur général adjoint de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). « D’ailleurs en ce qui concerne les normes internationales en matière de commerce, on fait bien le distinguo entre les cas sur des animaux sauvages » pour lesquels il n’y a pas d’impact sur le commerce international, « et ceux qui interviennent dans des élevages de production », a-t-il expliqué. Pour lui, la France « garde encore la perspective de récupérer le 3 décembre le statut indemne vis à vis de la grippe aviaire », qu’elle avait perdu lors d’une précédente pizootie advenue dans le sud-ouest de la France fin 2015 et vaincue depuis lors.
Pas de signe de transmissibilité à l’homme
Par ailleurs, « de nouvelles analyses faites par l’Anses », l’agence de sécurité sanitaire de l’alimentation qui a séquencé des souches du virus H5N8, « ont montré qu’il n’y avait pas de signe de transmissibilité à l’homme », a ajouté M. Evain. L’alerte est toutefois prise très au sérieux par les services sanitaires. La Direction départementale de la protection des populations a procédé à l’abattage de l’ensemble des appelants du site et également des appelants d’un autre site se trouvant à 4km de Boulogne, qui avaient été en contact. Deux secteurs de surveillance renforcée dans les communes aux alentours ont été mis en place: dans ces zones, des visites systématiques de vétérinaires vérifient l’application stricte des mesures de confinement et de biosécurité, comme la pose de filets de protection, des quelques dizaines d’élevages présents. Ces mesures avaient été renforcées dans les zones humides par un arrêté ministériel du 16 novembre, suite aux nombreux cas détectés en Europe tant au sein des populations d’oiseaux sauvages que d’élevage. « Nous avons une présomption de transport par des oiseaux migrateurs. Il faut désormais tout faire – et c’est le cas – pour que cela ne passe pas à la filière élevage, ou que cela entraîne une grosse mortalité d’appelants », a souligné Eva Faure, vétérinaire de la Fédération nationale de la chasse. « Les mesures de biosécurité correspondent à de bonnes pratiques, c’est-à-dire éviter d’attirer des animaux sauvages dans les élevages. Si elles sont bien appliquées, cela permet d’avoir déjà une bonne barrière » contre les virus, a souligné Jean-Michel Schaeffer président de la Confédération française de l’aviculture (CFA). Cette nouvelle alerte intervient un peu plus de deux mois après la fin du confinement des oies et des canards dans 18 départements du sud-ouest. Cette épidémie avait durement touché les professionnels du foie gras en causant une perte de 25% de la production et un préjudice pour la filière de 500 millions d’euros.
Paris, 28 nov 2016 (AFP).