Entre ces deux dates, « la mise en place de palmipèdes est interdite » dans les élevages et « un vide sanitaire est obligatoire », ce qui implique en particulier que les bâtiments soient vides de tout animal pour être « nettoyés et désinfectés » et que les déjections animales soient « évacuées » des exploitations, précise le texte. La reprise de l’élevage de canards et d’oies, prévue le 29 mai, « ne pourra toutefois s’effectuer que dans des conditions strictes de dépistage des animaux et du respect effectif des mesures de biosécurité », a souligné le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.
Cette annonce permet « enfin de voir le bout du tunnel » et de fixer un calendrier pour la reprise de l’activité, s’est félicité auprès de l’AFP le président du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) Christophe Barrailh. Les producteurs vont maintenant « pouvoir lancer les dossiers d’indemnisation », a expliqué pour sa part Christophe Mesplède, président du Modef-Landes, deuxième syndicat dans ce département qui est le plus gros producteur de foie gras de France.
Lionel Candelon, président fondateur du mouvement national non syndical « Les Canards en colère » s’est en revanche dit « furieux » estimant que « le vide sanitaire déjà imposé l’an dernier n’a(vait) pas marché ». Il redoute « une résurgence » du virus et considère que le « seul moyen pour sauver l’élevage, c’est de vacciner ».
Mesures de biosécurité
Selon le ministère de l’Agriculture, pendant un an, jusqu’au 31 mars 2018, des tests de dépistage du virus seront pratiqués sur les palmipèdes à plusieurs étapes de leur vie et les véhicules servant à les transporter devront être « nettoyés et désinfectés » entre chaque trajet. Les producteurs devront en outre « s’engager par écrit sur l’honneur » à respecter certaines « mesures de biosécurité ». La zone concernée s’étend sur cinq départements: Haute-Garonne (37 communes), Gers (277 communes), Landes (267 communes), Pyrénées-Atlantiques (320 communes) et Hautes-Pyrénées (233 communes), selon une liste consultée par l’AFP et qui sera prochainement publiée sur le site internet du ministère de l’Agriculture.
Ce territoire englobe les 709 communes visées depuis janvier par l’abattage préventif des oies et canards, dans le but d’enrayer l’épizootie de grippe aviaire H5N8 apparue fin novembre. En quatre mois, près de 4 millions de volatiles ont été abattus, ce qui a considérablement ralenti la propagation du virus dans l’Hexagone. Au 29 mars, 485 foyers infectieux avaient été recensés dans des exploitations agricoles, en majorité dans les Landes, et 55 cas dans la faune sauvage.
Des aides et un « pacte »
Pour beaucoup d’éleveurs, ce vide sanitaire sera le deuxième en un an. Début 2016, la mesure avaient en effet été imposée dans 18 départements, mais était entrée en vigueur plus progressivement. Entre le manque-à-gagner et les investissements dans de nouveaux bâtiments, cette première crise avait coûté un demi-milliard d’euros, selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) qui représente les éleveurs et les industriels de la filière.
Cette année, les pertes sont estimées à 250 millions d’euros, pour l’instant. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a promis dès janvier « plusieurs dizaines de millions d’euros » d’aides publiques, dont le versement devait commencer en mars. Le vide sanitaire n’aura pas d’incidence sur l’indemnisation des éleveurs, « dont le déploiement se poursuit conformément aux engagements », assure le ministère.
Au-delà de l’urgence, M. Le Foll a demandé à la filière de revoir « le modèle de production du foie gras », afin de « limiter les transports » d’animaux vivants qui favorisent la diffusion des virus. Les discussions engagées vont « aboutir à un pacte sur la prévention et la lutte contre l’influenza aviaire dont la signature est programmée le 13 avril », selon le ministère.
En temps normal, la filière foie gras du sud-ouest, fleuron de la gastronomie française, produit 71% du foie gras hexagonal (19.500 tonnes au total en 2015 dont 4.500 vendues à l’exportation). Après l’épizootie de 2016, la production avait reculé de 25% et les exportations de 20%.