Voici un aperçu de cette technique « étape par étape », suivi de deux témoignages d’agriculteurs qui se sont lancés. A noter : l’article complémentaire dédié à cette technique sera disponible dans notre mensuel de mai, ainsi que dans le numéro d’Entraid spécial gers, disponible gratuitement ici.
Le Green-tillage, pas à pas
Dès la récolte du blé, il est important de broyer les chaumes de blé à la récolte. La répartition des menues pailles doit être la plus homogène possible. | |
Nataïs effectue ensuite 2 déchaumages, le premier superficiel et le second plus profond, à la fois pour gérer le stock semencier d’adventices, les limaces, contrôler les éventuelle levées et l’équilibre terre-paille. | |
Le couvert, un mélange féverole/phacélie, est ensuite semé. La machine, dotée de la localisation par RTK, forme en parallèle de petits billons. | |
La fèverole est semée dans le creux du billon et la phacélie sur le sommet, à la place du futur rang de maïs. Le semoir à couvert a été développé en partenariat avec Horsh pour effectuer un « 4 en 1 ». | |
Le « 4 en 1 »: 1- Une dent à l’avant décompacte sur 20-25cm la future ligne de semis du maïs. 2- Cette dent incorpore également la fertilisation avant l’hiver (fertilisation localisée de phosphore et potasse). |
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Le « 4 en 1 », suite: – 3: Dans ce qui deviendra l’interang du maïs, une dent sème le couvert (deux descentes : une à 8cm pour la féverole, puis la phacélie à l’arrière, plus en surface). – 4: Puis une série de rouleaux pneumatiques rappuie les lignes de semis du couvert. |
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L’hiver « travaille » le billon. Comme le semoir doit repasser exactement sur le billon, même en coteaux, tracteur et semoirs sont guidés par RTK actif. Le couvert se développe. | |
Le semoir monograine (8 ou 9 rangs) intervient au printemps. Egalement guidé par RTK (tracteur et outil), il est conçu pour détruire le couvert, chasser les débris sur du billon et équipé d’un système de fertilisation localisée. Il est donc pourvu de rouleaux-hacheurs à l’avant (type rouleaux faca), à rotation rapide et étroits pour ne rouler que sur les interrangs dédiés au couvert. Les éléments semeurs indépendants (350kg de pression possible) sont précédés par des chasse-débris rotatifs. | |
Le résultat. | |
C’est ensuite au tour du maïs de se développer sur ce lit de semence. | |
Des agriculteurs se sont lancés dans le Green-tillage, accompagnés par Nataïs. Deux d’entre eux témoignent:
Thierry Puech et son fils, 300ha dans le Gers, testent le Green-Tillage depuis l’automne 2014 sur 35ha
(SAU : 130ha de maïs « pop », 130ha de blé -100ha de tendre + 30ha de dur-, 30 ha de colza semence)
Motivations :
« Nous avions déjà fait une 10aine d’ha de couverts l’année dernière, sur lesquels nous avons eu une attaque de limace, mais aussi une très bonne structure sous la féverole. J’ai été attiré par le Green-tillage, une technique qui permet en un passage de travailler le sol et implanter des couverts. De plus, nous avons des dérogations actuellement pour ne faire que 25% de couverts, mais il va falloir anticiper les 100%, toutes les techniques sont bienvenues. »
« C’est bien conçu, mais ça demande une puissance de traction terrible. Il y a 9 dents, plus 10 en interrangs et il faut bien 350cv pour tirer tout ça. Il y a des zones dans lesquelles nous ne sommes passés qu’à la descente, la montée était impossible (NB: travaux ici effectués dans des coteaux gersois argilo-calcaires à forte pente). Il y a peut-être des possibilités en diminuant la largeur des outils, ou en créant une Cuma pour cette technique, avec éventuellement des aides à la clé.
Techniquement, nous avons besoin d’un peu de recul. Ce que nous avons observé l’année dernière chez Nataïs et sur notre exploitation :
-La ligne de semis du maïs est bien dégagée, la terre chaude
-L’année dernière la féverole s’est beaucoup développée en raison de conditions climatiques favorables
-Les limaces, lorsqu’elles étaient présentes, se cantonnaient au couvert et n’ont pas migré vers le maïs.
-Rendement maïs équivalent au conventionnel
-Cette année, la féverole a développé de l’anthracnose et a gelé. Quelles conséquences pour le sol et les résultats (développement du système racinaire, et gestion des limaces).
Au point de vue économique :
-Mécanisation : pour le moment, cet aspect est partiellement pris en charge par Nataïs (en partenariat avec Horsch et Case). Un poste important étant donné la puissance requise par le dispositif, sans doute à amortir sur de grandes surfaces (un individuel ou en groupe).
-Itinéraire technique :
oCoûts supplémentaires par rapport au conventionnel : les semences pour le couvert (+60€/ha par rapport au conventionnel), le désherbage (+20-30€/ha)
oA soustraire : par rapport au conventionnel : 1 ou 2 passages de vibro, (-30€/ha), et Nataïs a économisé 50€ d’azote/ha en conservant ses rendements avec une fumure de 130U d’azote.
oSoient +10€/ha en net, sans tenir compte de la mécanisation. Un résultat à relativiser : « nous n’avons pas encore de retour à long terme sur les bénéfices sur la structure des sols », précise Thierry Puech. Nataïs a également relevé une meilleure rétention en eau dans les horizons de surface et des levées d’adventices moindres dues à la présence du couvert et du mulch.
-Précision : « aujourd’hui nous travaillons au GPS avec une précision à 5cm près, travailler au RTK (précision centimétrique) nous demanderait un investissement de l’ordre de 10 à 15000€ »
Léo Fauré et son fils testent le Green-Tillage depuis 2013 dans le Gers sur 13ha
(SAU : 90ha, dont 20ha de maïs « pop corn », 20ha de tournesol, 40ha de blés/orge et une dizaine d’ha de prairie)
Motivations : « Mon fils souhaite expérimenter le fait de faire différemment, de plus prendre en compte l’environnement. Nataïs nous a proposé de tester le Green-Tillage, nous sommes seulement à 6km de chez eux. L’année dernière nous avons fait 14ha pour du maïs pop, et cette année nous sommes sur 13ha dont 5 sont dédiés à du tournesol. »
Son avis :
« C’est une façon de cultiver qui est intéressante. Les rendements sont équivalents au conventionnel, ni plus, ni moins. Par contre il faut trouver l’équilibre économique. Une partie de la mise en place a été soutenue par Nataïs, Horsch et Case. C’est très lourd au niveau de la mécanisation. J’ai la fibre Cuma alors j’essaie de bancher les jeunes là-dessus, sur de l’intercuma par exemple. Il faut certes intervenir à des stades assez précis mais les débits de chantier, importants avec ces matériels, permettent de respecter les dates de mise en place. »
Techniquement :
-« L’année dernière, la féverole s’est exceptionnellement développée en raison de bonnes conditions climatiques, elle est montée jusqu’à 1,60m en aérien.
-Nous n’avons pas eu de souci de limaces.
-Les semences pour les couverts représentent un surcoût mais on peut certainement s’organiser pour les produire.
-Le lit de semis destiné au maïs, sur les billons, était bien.
-Nous avons expérimenté une destruction du couvert avant et après le semis de maïs, et clairement la levée de maïs était plus précoce lorsque le couvert avait été détruit. »