Le goutte-à-goutte enterré est présent à Romans-sur-Isère sur l’exploitation de Michel Rozand depuis plus de 10 ans. C’est surtout le côté pratique qui a séduit l’agriculteur. « Sur une parcelle avec un pivot, 2 ha dans un angle devaient être irrigués avec de la couverture intégrale. Cela demandait du temps pour l’installation et la désinstallation de tout l’équipement. Le goutte-à-goutte enterré, une fois installé, on y touche plus. »
Un coût d’installation de 6 000 €/ha
Pour l’installation, le travail est conséquent et les coûts non négligeables. « Il faut compter 3 000 €/ha juste pour les fournitures, et la même somme si on fait intervenir une entreprise pour réaliser les travaux. »
Pour son installation sur 2 ha, Michel Rozand a effectué lui-même les différents travaux de terrassement et de raccordement, pour un coût total estimé autour de 4 500 €/ha. On installe les lignes de goutte-à-goutte à 1,20 m de distance et à une profondeur d’environ 45 cm. On installe les goutteurs spécifiques tous les 50 cm, et chaque goutteur a un débit de 0,6 l/h. Le fournisseur a recommandé une distance de 1,20 mètre entre les gaines.
« Cela dépend de la nature du sol et de la capacité de l’eau à remonter par capillarité. Pour nos sols, cet écartement est suffisant pour du maïs » indique l’agriculteur. En revanche, le conseil est de ne pas négliger la filtration. « Nous sommes sur des forages et des réseaux d’irrigation avec des eaux non chargées en sédiment. Des filtres à tamis sont suffisants. » En revanche, avec des eaux pompées en rivières, l’installation de filtres à sable en cascade est recommandée.
Travail du sol : se passer du sous-solage
Concernant le travail du sol, le sous-solage est banni pour éviter de couper les gaines. Aujourd’hui, cinq parcelles, couvrant 11 ha, sont installées. « Pour le reste, on procède de la même manière », indique l’agriculteur.
Le labour est toujours pratiqué, même si quelques problèmes sont apparus sur la première parcelle. « Les gaines n’étaient pas toujours enterrées régulièrement et ont été coupées par le labour. Ce sont des erreurs de mise en place qui n’ont pas été reproduites. Mais il a fallu creuser pour réparer quelques fuites. »
Pour Michel Rozand, le principal danger est à la récolte. « Durand cette période, nous avons parfois des épisodes pluvieux, alors on patiente pour éviter au maximum de marquer le sol. Mais nous avons des sols assez drainants, ce qui est un atout. En revanche, je déconseille d’enterrer du goutte-à-goutte dans des parcelles avec des mouillères. Le passage des engins pourrait tasser le sol en profondeur et écraser les gaines. »
Une estimation de 30 % d’économie d’eau
Avec le goutte-à-goutte, l’irrigation est différente. « Quand, avec les pivots, je mets une dose de 35 mm, avec le goutte-à-goutte, je fractionne et j’applique deux doses de 12 mm, ce qui me donne une économie d’eau d’environ 30 %. Cette économie est permise par l’absence d’évaporation due au soleil ou au vent. »
L’agriculteur remarque aussi un comportement différent de la culture. « Sur une parcelle avec les deux types d’irrigation, le maïs en goutte-à-goutte est souvent plus avancé en stade que celui implanté sous le pivot. Pour moi, l’explication est que l’irrigation par aspersion entraîne une baisse de température dans l’environnement de la culture et un stress sur la plante, ce qui n’est pas le cas avec le goutte-à-goutte. »
Du goutte-à-goutte à la place des enrouleurs
À Granges les Beaumont, toujours dans la Drôme, le gaec Genton a aussi sauté le pas du goutte-à-goutte enterré. Habituellement, l’irrigation du maïs s’effectue avec des enrouleurs ou de la couverture intégrale. Désormais, on équipe certaines parcelles en goutte-à-goutte pour remplacer ces deux systèmes.
« Les avantages : pas de déplacement, pas d’eau sur les routes et aucun problème les jours de vent », résume Pierre Genton, associé du gaec. Là aussi, des économies d’eau sont visibles. « Pour le maïs, avec le goutte-à-goutte, la dose est de 4 mm/jour pour conserver un sol frais. Avec un enrouleur, c’est 40 mm une fois par semaine. On économise donc 30 % d’eau. » Moins d’énergie aussi, « car la pression pour le goutte-à-goutte est de seulement 2 bars contre 8 pour l’enrouleur, mais l’économie n’est pas quantifiée. »
La fertirrigation a aussi été testée durant une longue période sèche peu favorable à un épandage d’engrais classique. « Nous ne sommes pas bien équipés et cela demande beaucoup de temps, mais cela fonctionne. C’était juste pour essayer et nous ne prévoyons pas de généraliser la technique. »
Goutte-à-goutte enterré : garanti 20 ans, et après ?
Pour les deux agriculteurs, le goutte-à-goutte enterré est une bonne solution, qui présente certains avantages.
En revanche, les fabricants garantissent généralement les gaines enterrées pour une utilisation de 20 ans. Il paraît difficilement envisageable de les retirer du sol après cette période. La seule solution semblerait d’abandonner les vieilles gaines dans le sol et de les remplacer par des nouvelles. Une complication qui gomme un peu les avantages de la technique.
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