« Toutes ces évolutions, tous ces investissements, toutes ces réductions potentielles (d’utilisation de produits phytosanitaires), ça a des conséquences importantes, puisque derrière on a chiffré, pour notre secteur grandes cultures, un coût de 950 millions d’euros. C’est colossal », a déclaré Eric Thirouin, président de l’AGPB, devant une mission d’information parlementaire sur la sortie du glyphosate.
Parmi les surcoûts engendrés par le désherbage sans glyphosate, M. Thirouin a cité en premier lieu la main d’oeuvre: « On estime à 12,7 millions le nombre d’heures supplémentaires par an qu’il faudra consacrer à nos cultures », a-t-il déclaré.
Investissements en matériel, produits de substitution: en tout, a-t-il estimé, « ça peut représenter des surcoûts pour les exploitations allant de 50 à 160 euros l’hectare ».
Insistant sur la « situation économique du secteur particulièrement préoccupante », compte tenu des récoltes difficiles qu’a connues la France, sur fond parfois de cours mondiaux déprimés, il a souligné les faibles revenus des exploitations céréalières lors des six dernières années et la « distorsion de concurrence » qu’entraînerait ce coût sur les marchés mondiaux.
« On veut bien aller de l’avant, mais à partir du moment où les contraintes économiques sont compensées », a déclaré M. Thirouin.
« On demande à ce qu’il puisse y avoir un accompagnement financier des actions qui sont conduites par les agriculteurs, une aide à l’investissement (pour le désherbage mécanique), peut-être du crédit d’impôt », a déclaré M. Thirouin, demandant également un accompagnement de la recherche appliquée et des expérimentations.
M. Thirouin a également souligné l’impact négatif que ferait peser la sortie du glyphosate sur le bilan carbone des exploitations, notamment du fait de la consommation d’énergie entraînée par l’augmentation du labour, estimée à « 87 millions de litres supplémentaires de carburant par an ».
Il a enfin énuméré les impasses techniques sur les cultures sans labour et « d’autres impasses (…) sur les vivaces particulières que sont le chiendent, le chardon, le liseron, et les plantes toxiques allergisantes ».
« Là, le travail mécanique, ça ne suffit pas, voire ça empire, parce qu’on va découper des rhizomes qui vont faire plus de petits », a conclu M. Thirouin.