Fin septembre, la fédération des cuma de Bourgogne Franche-Comté organisait une démonstration de sursemis de prairie dans l’Yonne. En effet, entre les sécheresses à répétition, les dégâts causés par les ravageurs et un contexte réglementaire qui se durcit, la gestion des prairies devient une réelle problématique. Au programme, deux temps forts. D’une part des démonstrations d’outils de sursemis. D’autre part une approche technique sur la gestion de la dégradation des prairies et sur la pratique du sursemis avec l’intervention de la société Alysé.
Un sursemis sans s’intéresser aux causes de la dégradation des prairies, c’est du gâchis!
Tout d’abord, selon Ophélie Collard (conseillère bovins lait et fourrages pour Alysé), le recours au sursemis ne doit pas être automatique. En effet, il faut au préalable se poser la question des causes de la dégradation des prairies. Par exemple, une surexploitation de la prairie, ou une fauche trop rase. En l’occurrence, les deux privilégient petit à petit l’émergence des adventices. Une règle à retenir: ne pas pâturer une parcelle plus de 5 jours (7 en été avec une repousse plus lente).
Ensuite, Ophélie Collard a rappelé la méthode d’évaluation de l’état des prairies en déterminant le pourcentage de bonnes graminées et de légumineuses herbacées et celui de dicotylédones indésirables et mousses. S’il y a dégradation des prairies, le sursemis peut-être une solution quand la réglementation interdit de retourner et ressemer. Mais pratiquer cette opération sans s’intéresser aux causes du problème, c’est du gâchis.
Par ailleurs, elle a rappelé aux visiteurs quelques conseils pour réussir un sursemis de prairie.
- Avant le sursemis:
- Si sursemis de graminées uniquement, possibilité de désherber avec un antidicotylédones.
- Anticiper le broyage ou pâturage dans les semaines à venir de la parcelle.
- Après le sursemis:
- Aucun apport d’azote avant la première exploitation qui suit le sursemis.
- Attendre au moins 3 à 4 semaines après la levée du sursemis pour un premier pâturage.
- Faire attention à ce que les plantules aient accès à la lumière (jusqu’à 1 an après le sursemis).
Raisonner la prairie comme une culture
En complément, le service agronomique de l’union de coopératives SeineYonne a précisé qu’il n’y avait pas d’espèce parfaite pour le sursemis de prairie. Il faut définir son mélange selon les objectifs de l’intervention. En outre, certaines espèces affichent une grande sensibilité au chaud et sec, quand d’autres craignent l’humidité et le froid.
Enfin, une dizaine de démonstrations d’outils de sursemis se sont succédées. Parmi les marques présentes: Amazone, APV, Einböck, Güttler, Maschio Gaspardo, Simtech, Sky Agriculture ou encore Väderstad. Tous ont semé le même mélange à 15kg/ha de façon à poursuivre l’expérimentation en suivant sur l’année les levées.
Reste donc la question du choix de l’outil pour un sursemis de prairie. Pour Richard Wylleman (spécialiste en agroéquipements à la Chambre d’Agriculture de l’Yonne), le sursemis est un chantier qui se réfléchit, qui s’anticipe et qui se suit. Il faut raisonner la prairie comme une culture. De plus, face au niveau de risque de ce chantier (fort taux d’échec), il faut privilégier la valorisation d’un semoir déjà présent dans la cuma ou sur l’exploitation.
Restez connectés, nous reviendrons sur les résultats de cet essai en fin de saison.
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