Quelle perte de temps

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Quelle perte de temps

Les jeunes agriculteurs pourront-ils continuer à payer les conséquences d'une gestion du temps laborieuse ? (©AdobeStock)

« Je n’ai pas le temps », « je suis surchargé », « c’est urgent », « mon collègue est en congé, il faudra attendre pour le traitement de votre dossier »… La belle affaire que cette notion du temps qui envahit nos têtes et nos fermes ! Billet d'humeur de Marjorie Lambert, agricultrice en Normandie​​​.

Au-delà des difficultés du quotidien, mon inquiétude se porte sur cette notion du temps qui s’accélère et impacte nos structures. Mais ce facteur temps est rarement pris en compte. Malgré l’énergie monumentale que déploient les agriculteurs pour faire avancer leurs projets, le retard dans le traitement d’un dossier ou encore une prise de décision qui traîne, entraîne un coût, souvent important mais toujours négligé.

Le marécage des procédures

Un exemple criant : ralenti par une procédure judiciaire, notamment, le projet de méthanisation que nous avons lancé collectivement il y a maintenant 10 ans, n’est toujours pas sorti de terre. On aurait pourtant pu penser que la guerre en Ukraine et les besoins en gaz français qui en découlent en auraient accéléré le déploiement. Mais non. Bien qu’il soit fondamental pour le territoire et la viabilité de nos fermes d’élevage, le projet s’est embourbé dans le marécage des procédures.

Une lenteur du temps imposée et subie

Des enjeux majeurs que sont l’urgence climatique, la transition énergétique et le besoin d’autonomie ne résistent pas face à la lenteur imposée et subie. Les jeunes agriculteurs pourront-ils continuer à payer une gestion du temps laborieuse, souvent associée à la galère d’une prise de décision franche et courageuse ? Avis aux retraités : utilisez votre temps à bon escient ! Appuyez-nous, développez des projets pour vos territoires en tant qu’élus.

Interminables transmissions

En matière de transmission aussi, le temps peut s’allonger indéfiniment et creuser le fossé entre générations. On peut néanmoins dire merci aux nouvelles générations qui acceptent de reprendre sans avoir beaucoup de visibilité (coûts-délais-conditions) au moment de leur installation. Car entre les anciens, généralement taiseux, qui ont du mal à exprimer ce qu’ils veulent, et les plus jeunes, accompagnés par des coachs, autant dire que c’est épique !

Marjorie Lambert

Ras-le-bol de perdre son temps. Agricultrice en Normandie, Marjorie Lambert exprime son agacement face à des situations que tout le monde rencontre. Il serait temps que les choses changent.

Bien sûr, pour gérer le sujet, on ne parlera jamais de la date définitive de départ de papa et maman de la ferme. On préconisera surtout une structure juridique telle qu’une SCI, un GFA. Comprenez bien, c’est plus simple, avantageux fiscalement, et au moins ça a le mérite d’associer les enfants à vie de façon équitable. C’est aussi parfois (souvent) un bon moyen de faire croire à une prise de décision, de ne pas aborder les émotions, les sentiments et de passer la patate chaude à la génération suivante. Alors, qui paiera la note finale ?

Quid des coûts indirects du temps ?

Aujourd’hui, le temps implique des coûts directs sur nos fermes et nos projets. Quant aux coûts indirects, qui s’étalent parfois sur plusieurs générations, ils ne sont jamais chiffrés, à peine évoqués. Or, les brouilles entre frères et sœurs, parce que les parents n’ont pas fait le job lors de la transmission, sont monnaie courante. Les discordes qui naissent et s’amplifient dans le temps finissent par se solder par un passage à la caisse souvent douloureux.

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